Interview podcast – le parent d’un enfant atteint d’une maladie rare, SPR

Osmosis.org est une société d’éducation médicale et sanitaire qui touche près de 500 000 professionnels de la santé, patients et membres de leur famille. L’entreprise produit des vidéos animées qui ont été visionnées plus de 25 millions de fois dans plus de 200 pays. Osmosis.org aide les étudiants en médecine, en soins infirmiers, en soins dentaires, les assistants médicaux et les autres professionnels de la santé en classe, lors des examens et dans les cliniques. Dans le cadre de la série de podcasts “Raise the Line” d’Osmosis.org, Shiv Gaglani, PDG d’Osmosis.org, a interviewé un parent de la Séquence Pierre Robin, Philippe Pakter.

“C’est une étrange odyssée que d’être le parent d’un enfant atteint d’une maladie rare. Cela vous oblige en quelque sorte à remettre en question tous les aspects de la vie”, déclare Philippe Pakter, dont la fille Lysiane est née avec la Séquence Pierre Robin, une maladie qui empêche de respirer et de s’alimenter normalement. Dans cet entretien passionnant avec Shiv Gaglani, il partage les détails du parcours émotionnel, médical et juridique de sa famille. “C’est difficile, mais il faut continuer à avancer, et des épreuves peuvent potentiellement naître de très belles choses.”

 

 

Notes

 

Shiv Gaglani : Bonjour, je suis Shiv Gaglani. Comme le savent les auditeurs réguliers, Osmosis s’engage tout particulièrement à informer les cliniciens, les patients et les familles sur les maladies rares. En partenariat avec la National Organization for Rare Disorders, nous avons travaillé avec des dizaines de groupes de défense des patients et d’experts en la matière pour développer près de cinquante vidéos sur les maladies rares qui ont été visionnées des millions de fois.

Aujourd’hui, dans l’émission « Raise the Line », nous allons élargir notre champ d’action et découvrir comment les patients et les membres de leur famille en Europe travaillent avec les cliniciens et d’autres personnes pour défendre leurs intérêts et ceux de leurs proches. Je suis ravie d’accueillir Philippe Pakter, un avocat international basé à Genève, en Suisse, dont la fille Lysiane est née avec une forme grave de la Séquence Pierre Robin. Philippe est un excellent exemple du niveau d’information des membres des familles de patients atteints de maladies rares et de la nécessité pour les cliniciens d’écouter attentivement ce qu’ils ont à dire.

Avant de commencer, je voudrais remercier notre directeur général chez Elsevier, Kumsal Bayazit, qui m’a mis en contact avec Philippe – parce qu’il a publié son expérience de patient à propos de Lysiane avec des conclusions très intéressantes qui, je pense, sont largement applicables au-delà de la Séquence Pierre Robin, à la communauté des maladies rares ; c’était dans l’une des revues d’Elsevier, Seminars in Fetal & Neonatal Medicine.

Philippe, merci beaucoup d’avoir pris le temps d’être avec nous aujourd’hui.

 

Philippe Pakter : Merci beaucoup, et puisque vous avez parlé de Kumsal Bayazit, je voulais prendre un petit moment pour lui exprimer à nouveau mes sincères remerciements, car elle m’a contacté personnellement – après avoir lu l’article que j’ai soumis à la revue en tant que parent d’une maladie rare – et elle nous a accordé le « Gold Open Access » d’Elsevier. C’est un geste tellement beau et significatif. Nous voulions que le plus grand nombre possible de personnes lisent l’article, et en nous accordant le libre accès, c’était pour nous un geste monumental, et je la remercie du fond du cœur. Pour les membres de ma famille et du groupe de patients atteints de maladies rares auquel j’appartiens, le fait de donner un accès libre à cet article de revue a signifié beaucoup de choses. C’était vraiment important.

 

Shiv : Tout à fait. Je dirais, vous savez, maintenant que nous avons rejoint Elsevier il y a neuf mois… nous connaissions les valeurs, nous connaissions l’équipe de direction, mais il est certain qu’ils les soutiennent. Ils passent à l’action, ils ne se contentent pas de belles paroles. Ce n’était qu’un exemple. Je lui ai parlé de l’accent que nous mettions sur les maladies rares et elle a immédiatement prononcé votre nom, m’a envoyé votre article et nous a mis en contact. C’est vraiment une dirigeante extraordinaire. J’ai le privilège de travailler pour elle.

Entrons donc dans votre histoire. Je connais évidemment assez bien votre parcours. Nous nous sommes déjà parlé à plusieurs reprises. Mais pour notre public, dont beaucoup sont des cliniciens actuels ou futurs, pourriez-vous nous décrire l’histoire de votre famille à propos de Lysiane, et votre parcours face à la Séquence Pierre Robin ?

 

Philippe : Bien sûr. Tout d’abord, la Séquence Pierre Robin a été étudiée pour la première fois par un stomatologue français, c’est-à-dire un orthodontiste, il y a plus de 100 ans, et elle comporte trois critères de diagnostic. Un bébé est diagnostiqué avec la Séquence Pierre Robin s’il présente un défaut anatomique – la micrognathie – qui est une mâchoire inférieure très petite et sous-dimensionnée. La mandibule est très petite, sous-dimensionnée.

Le deuxième critère est la glossoptose, qui est un autre défaut anatomique. La langue, au lieu d’être en position plate et horizontale dans la bouche, est en position verticale surélevée, au fond de la gorge. Et comme vous pouvez l’imaginer, cette langue verticale surélevée bloque les voies respiratoires, ce qui crée des difficultés respiratoires et alimentaires. C’est la deuxième chose, la glossoptose.

 

La langue du bébé, au lieu d’être à plat dans la bouche, se trouve en haut, au fond de la gorge, dans une position angulaire ou verticale ; le terme médical est « glossoptose ».

 

Le troisième critère de diagnostic est l’obstruction des voies aériennes supérieures, UAO (« Upper Airway Obstruction »), déterminée par polysomnographie, par une étude du sommeil – le bébé souffre d’un indice d’apnée-hypopnée supérieur à la normale pour un enfant de cet âge.

En résumé, le bébé est né et il a du mal à respirer.  C’est comme si vous regardiez votre bébé suffoquer ou se noyer – mais il n’y a pas d’eau autour de lui. Le bébé ne peut pas respirer parce que sa langue bloque sa gorge. Il ne s’agit pas d’un problème strictement mécanique ; par exemple, certains bébés présentent une micrognathie qui n’est pas si grave, la mâchoire inférieure n’est pas si petite – et la langue n’est pas si verticale – mais ils ont tout de même des difficultés respiratoires. Il s’agit donc d’une pathologie complexe, avec des composantes neurologiques, mais en fin de compte, dans la grande majorité des cas, il semble s’agir d’un problème anatomique lié à la position surélevée de la langue, qui bloque les voies respiratoires et provoque une obstruction des voies aériennes supérieures.

Par ailleurs, la plupart des bébés nés avec la Séquence Pierre Robin souffrent également d’une fente palatine. Il ne s’agit pas d’une fente labiale, mais d’une fente palatine. C’est en fait une conséquence du fait que, pendant la période prénatale, la langue, étant dans cette position verticale, empêche la fusion de la voûte buccale ; la fusion se produit normalement pendant la période prénatale.

Ce qu’il est important de comprendre pour les étudiants en médecine et pour les cliniciens sans expérience de cette maladie rare, c’est qu’un bébé de la Séquence Pierre Robin n’est pas un bébé atteint d’une fente qui se trouve avoir un petit menton. Un bébé de la Séquence Pierre Robin est un bébé atteint d’une maladie rare complexe, qui se trouve avoir une fente – et qui peut même ne pas avoir de fente.

En d’autres termes, l’expertise en matière de fentes ne confère pas une expertise en matière de Séquence Pierre Robin. La Séquence Pierre Robin est une maladie rare très complexe qui fait encore l’objet d’études et que les experts tentent toujours de mieux comprendre. L’un des nombreux éléments qui distinguent la Séquence Pierre Robin d’une fente classique est que le taux de mortalité est nettement plus élevé. Dans une étude néerlandaise, le taux de mortalité des bébés atteints de la Séquence Pierre Robin était huit fois plus élevé que celui des bébés atteints d’une fente sans Séquence Pierre Robin.

Autre fait marquant : parmi les bébés nés et diagnostiqués avec la Séquence Pierre Robin, plus de la moitié souffriront également d’une autre maladie complexe associée ; on commence alors à parler de la Séquence Robin « syndromique » ou de Syndrome Pierre Robin. Il ne s’agit donc pas seulement d’une glossoptose, d’une micrognathie et d’une obstruction des voies respiratoires supérieures, mais de ces trois affections, auxquelles s’ajoute le syndrome de Stickler, le syndrome de Treacher Collins ou une autre maladie rare complexe. Cela rend le traitement beaucoup plus difficile et complexe. La Séquence Pierre Robin est donc une maladie rare hétérogène, et il est extrêmement difficile de la généraliser d’un cas à l’autre.

Malheureusement, dans de nombreux cas, au détriment de l’enfant, le bébé atteint de la Séquence Pierre Robin est pris en charge par une équipe spécialisée dans les fentes, qui peut être absolument experte en la matière, mais qui n’a pas forcément beaucoup d’expérience en matière de Séquence Pierre Robin. La fente est fréquente, mais la Séquence Pierre Robin est une maladie rare, qui n’apparaît que chez environ 1 bébé sur 10 000.

Quoi qu’il en soit, notre fille est née avec la Séquence Pierre Robin. Malheureusement, dans notre cas, elle n’a pas été diagnostiquée pendant la période prénatale – bien qu’elle puisse l’être. En examinant simplement les images échographiques prénatales, il devrait être possible d’identifier une mâchoire inférieure radicalement sous-dimensionnée. Je me souviens que ma femme, lorsque nous avons regardé les images échographiques prénatales, m’a dit : « Philippe, c’est un peu étrange – le bébé ressemble à Bart Simpson ». Vous savez, Bart Simpson, des Simpsons – il a un très petit menton en retrait. Je lui ai dit : « Écoute, nous ne savons rien. Les experts savent ce qu’ils font, et ils nous diraient si quelque chose n’allait pas. »

Mais en fait, les experts ne savaient pas. Ils ont négligé la micrognathie et un autre signe d’alerte : le polyhydramnios, c’est-à-dire un excès important de liquide amniotique. Nous avons donc deux signaux d’alarme importants pour la Séquence Pierre Robin : une micrognathie sévère et un excès important de liquide amniotique – et aucun signal d’alarme n’a été émis. Personne n’a dit : « Hé, il semble que nous ayons affaire à quelque chose ici, peut-être devriez-vous envisager d’accoucher dans un centre d’expertise pour cette maladie rare, parce que nous n’avons pas beaucoup d’expérience dans ce domaine ». Non, tout a été négligé. Cela souligne l’importance du diagnostic prénatal de cette maladie rare et, je pense, du diagnostic des maladies rares en général.

Le diagnostic des maladies rares n’est pas chose aisée. De nombreux patients atteints de maladies rares souffrent pendant de nombreuses années de ce que l’on appelle « l’odyssée du diagnostic », c’est-à-dire qu’ils attendent sans cesse de savoir de quoi ils souffrent. Je vais vous donner un exemple. Lysiane a été diagnostiquée avec la Séquence Pierre Robin – mais elle a aussi une autre maladie associée. Un conseil génomique a été mis en place pour étudier ses gènes, et ils ont identifié une microdélétion dans l’un de ses gènes – mais ils ne sont pas encore sûrs que cette microdélétion explique ses nombreux autres symptômes. Notre fille présente un certain nombre de problèmes de développement très graves qui ne peuvent être attribués à la Séquence Pierre Robin seulement.

Comme je l’ai dit précédemment, dans plus de la moitié des cas, la Séquence Pierre Robin survient en même temps qu’une autre affection associée. Elle souffre d’une autre maladie, mais on ne sait pas encore de quoi il s’agit. Nous sommes donc dans une sorte d’odyssée diagnostique, dans l’attente et l’espoir de découvrir ce qu’elle a d’autre et qui est à l’origine de ses autres problèmes. Je suis désolée de parler si rapidement de tant de choses différentes…

 

Shiv : Non, vous avez couvert beaucoup de choses. J’allais évoquer deux ou trois choses que vous avez mentionnées, comme l’importance du dépistage prénatal. Vous avez fait un excellent exposé lors de la Troisième Réunion Internationale de Consensus sur la Séquence Pierre Robin en avril. J’ai vu les échographies de Lysiane, et vous avez raison, ces choses ont été manquées.

L’un des principaux points que vous avez soulevés est qu’en tant que nouveaux parents, vous faites confiance aux cliniciens – qui font de leur mieux – mais il se peut qu’ils passent à côté de quelque chose ou qu’ils ne connaissent pas bien ces maladies rares. Car comme nous l’avons dit, lorsque vous êtes à l’école de médecine, lorsque j’étais à l’école de médecine à Hopkins, le dicton est : « Lorsque vous entendez des bruits de sabots, pensez à des chevaux, pas à des zèbres ».

 Le fait est qu’il existe 7 000 zèbres – 7 000 maladies rares qui affectent collectivement plus de 300 millions de personnes. Pour ces personnes, l’odyssée diagnostique ne doit pas durer de quatre à neuf ans – ce qui est le cas en moyenne – mais doit être la plus courte possible. Comme vous l’avez dit, les implications sont réelles. Si la maladie est détectée, vous pouvez vous rendre dans un centre d’excellence et bénéficier des meilleurs soins.  Vous, en particulier, vous avez une belle histoire, celle de la rapidité avec laquelle vous avez été informés, et de la façon dont vous l’avez fait.

 

Philippe : Oui, il y a des façons très différentes de réagir aux mêmes types de situations, dans toutes sortes d’aspects de la vie. Lorsque nous avons appris que Lysiane était atteinte d’une maladie rare, nous avons réagi en nous disant qu’il fallait apprendre tout ce qu’il était possible d’apprendre. Nous devons plonger dans le bain. Nous ne sommes pas formés, nous n’avons pas de formation médicale, mais nous devons faire tout notre possible pour que notre enfant comprenne ce qui se passe, quelles sont les possibilités et quelle est la prochaine étape.

Il y a ensuite les parents qui sont tellement accablés, tellement dévastés, qu’ils peuvent connaître une sorte de paralysie temporaire ou même à long terme. Ils ne savent tout simplement pas comment gérer cette situation sur le plan émotionnel. Ils réagissent en adoptant un rôle passif, en faisant confiance aux médecins pour qu’ils fassent ce qu’ils ont à faire. Ils ne posent pas de questions et n’essaient pas d’approfondir leur compréhension ; c’est tout simplement trop dur, trop difficile.

Il n’y a pas de bien ou de mal en la matière, c’est juste une question de composition, de réaction aux choses. Nous avons vraiment plongé. Nous avons lu tout ce que nous pouvions.  Je suis américain, je suis né et j’ai grandi à New York, l’anglais est donc ma langue maternelle. C’était un énorme avantage, car même si notre bébé est né en France, je ne faisais pas de recherches en français. Je n’allais pas sur Google French.  Je faisais des recherches en anglais – et parce que je faisais des recherches en anglais, j’ai réussi à localiser tout un tas d’études médicales – qui sont toujours écrites en anglais – puisque l’anglais est la langue utilisée dans la recherche scientifique internationale.

Si vous essayez de faire des recherches en français, en espagnol ou dans d’autres langues, vous n’avez pas autant de chances de trouver la meilleure recherche. En faisant des recherches en anglais, nous avons trouvé un certain nombre d’études fantastiques provenant d’un centre d’excellence situé dans un endroit dont nous n’avions jamais entendu parler auparavant : Tübingen, en Allemagne. En Allemagne, Tübingen est bien connue, elle est considérée comme l’une des meilleures universités du pays. Nous ne le savions pas, mais plus nous lisions d’études sur ce centre d’excellence de la Séquence Pierre Robin à Tübingen, plus nous étions convaincus que ce traitement spécial et non chirurgical qu’ils proposaient était vraiment à part. Il promettait de résoudre l’obstruction des voies aériennes supérieures et de faciliter l’alimentation – et Lysiane souffrait de ces deux symptômes, l’obstruction des voies aériennes supérieures et les difficultés d’alimentation. Dans l’unité de soins intensifs française, elle était reliée à une machine respiratoire mécanique, ainsi qu’à une pompe d’alimentation, qui lui donnait du lait par une sonde nasogastrique.

Lysiane avait donc besoin d’une assistance mécanique pour deux de ses besoins vitaux, la respiration et l’alimentation, et ce traitement à Tübingen offrait la possibilité de traiter ces deux symptômes graves sans intervention chirurgicale. Il s’agit d’un traitement orthodontique. Beaucoup d’enfants américains portent un appareil dentaire et, une fois l’appareil retiré, l’enfant reçoit généralement un appareil de rétention – ce petit objet que l’on place dans la bouche et qui maintient les dents dans la position où elles se trouvent, dans la bonne position.

La plaque palatine de Tübingen, mise au point à l’hôpital universitaire de Tübingen, est semblable à un appareil de rétention. Elle repose sur le palais, mais elle a aussi une extension, à l’arrière. Cette extension descend presque verticalement au fond de la gorge et pousse la langue vers l’avant et vers le bas, libérant ainsi instantanément les voies respiratoires.

 

Ci-dessus : la plaque palatine de Tübingen.

 

Illustration du fonctionnement de la plaque palatine de Tübingen (TPP). Le gros objet rose/rouge est la langue du bébé. Dans l’image en coupe de gauche, le patient de la Séquence Pierre Robin n’a pas de dispositif TPP ; la position arrière anormale de la langue bloque les voies aériennes supérieures, créant des difficultés respiratoires et alimentaires pouvant mettre en danger la vie du patient. Dans l’illustration de droite, le dispositif TPP est en place ; il est représenté par une ligne bleu foncé. La ligne bleu foncé commence au niveau des crêtes alvéolaires supérieures (là où les dents de devant supérieures finiront par pousser), continue le long du palais supérieur, couvre la fente du palais et se prolonge vers le bas. Dans l’image de droite, vers le côté droit, on peut voir cette extension de la ligne bleu foncé plongeant vers le bas, poussant la base de la langue vers la gauche, vers l’avant de la bouche. En déplaçant la langue vers l’avant, l’appareil TPP libère instantanément la gorge, sans intervention chirurgicale.

 

Il s’agit donc d’une élégante solution d’ingénierie mécanique pour un défaut anatomique, qui libère instantanément les voies respiratoires. On pourrait croire que c’est assez simple, mais il faut en fait une très grande précision pour déterminer la longueur et l’angle corrects de cette extension verticale. À l’hôpital universitaire de Tübingen, cela se fait par endoscopie à fibre optique. Une caméra est envoyée dans les voies respiratoires pour déterminer si ce prototype sur mesure de la plaque palatine de Tübingen, réussit à déplacer la langue vers l’avant et à ouvrir les voies respiratoires pour ce bébé en particulier. Et c’est une question de millimètres ; si l’angle est décalé de 2 degrés, ce n’est pas bon… il faut que ce soit parfait, et cela nécessite donc une grande expertise, une équipe pluridisciplinaire et un nombre important de patients.

Il s’agit donc essentiellement d’un traitement orthodontique, mais il est assez radical, car la plaque palatine de Tübingen promet de résoudre l’obstruction des voies respiratoires supérieures et de faciliter l’alimentation, sans intervention chirurgicale. Et elle y parvient, comme l’ont démontré 15 années d’études médicales évaluées par des pairs.

Si l’on considère les autres alternatives – car il existe plusieurs traitements pour la Séquence Pierre Robin – celle qui est devenue la norme aujourd’hui, en particulier aux États-Unis, est la Ostéogenèse par Distraction Mandibulaire, « MDO » (Mandibular Distraction Osteogenesis). Il s’agit d’une procédure assez agressive. Elle consiste essentiellement à fracturer la mandibule, la mâchoire inférieure, et à insérer des tiges en titane. Ces tiges sont munies de vis que les parents tourneront chaque jour ou tous les deux jours pendant plusieurs semaines. Cela agrandit l’espace entre les morceaux de la mandibule ; l’os se développe alors pour combler l’espace. Il s’agit donc d’élargir la mandibule en créant de l’espace entre les deux points où les fractures chirurgicales ont été créées.

 

Ostéogenèse par distraction mandibulaire. Le chirurgien installe un dispositif appelé distracteur, qui utilise des vis spéciales appelées « broches ».

 

Après l’opération initiale, les vis du distracteur sont tournées d’environ 1 à 2 millimètres par jour. Cela crée une tension et écarte les os de la mâchoire inférieure du bébé (« mandibule »).

 

Un nouvel os se développe alors (« ostéogenèse ») et comble les espaces créés par le distracteur. Pendant que le nouvel os se développe, le bébé continue de porter le distracteur en permanence.

 

L’ostéogenèse par distraction mandibulaire implique un matériel et au moins deux séries d’interventions chirurgicales sérieuses. Elle est étayée par des preuves ; elle résout généralement l’obstruction des voies respiratoires supérieures et, dans les meilleurs centres, on dit qu’elle est efficace à plus de 90 %. Cependant, la plaque palatine de Tübingen permet d’atteindre les mêmes objectifs, sans chirurgie ni anesthésie.

[Note de la rédaction : des études médicales internationales évaluées par des pairs et reposant sur des critères objectifs démontrent que dans la grande majorité des cas, la plaque palatine de Tübingen résout avec succès l’obstruction des voies respiratoires supérieures, sans intervention chirurgicale ; par exemple 2020, 2019, 2019, 2017, 2017, 2016, 2014, 2011, 2009, 2007, etc.]

La plaque palatine de Tübingen est une alternative remarquable et peu invasive à la chirurgie. C’est une chose fascinante, car je pense que même si les médecins ne sont pas tous d’accord sur le meilleur traitement pour une affection complexe – il y a toujours moyen d’être en désaccord – je pense qu’il y a certains principes sur lesquels nous pouvons tous nous mettre d’accord. L’un de ces principes sur lequel nous sommes tous d’accord est que la chirurgie d’un nouveau-né ne doit être pratiquée que lorsqu’elle est raisonnablement nécessaire. L’opération d’un nouveau-né n’est pas une mince affaire, non seulement pour le bébé, mais aussi pour ses parents. C’est une sorte de traumatisme que d’envoyer son nouveau-né subir une intervention chirurgicale agressive.

Par conséquent, une intervention chirurgicale sur un nouveau-né ne devrait être pratiquée que lorsqu’elle est raisonnablement nécessaire – et dans la grande majorité des cas, la plaque palatine de Tübingen résout avec succès l’obstruction des voies aériennes supérieures chez les bébés de la Séquence Pierre Robin, sans intervention chirurgicale. La troisième étape de cette progression logique est que les chirurgiens qui pratiquent la MDO sur des patients atteints de la Séquence Pierre Robin pratiquent, dans la grande majorité des cas, une intervention chirurgicale inutile sur un nouveau-né. Et ça, c’est lourd de conséquences. C’est vraiment, je pense, une question provocante qui demande à être explorée.

L’une des choses que je fais, avec mes collègues de notre groupe de patients atteints de maladies rares pour Pierre Robin Séquence (« Pierre Robin Europe »), est d’interviewer des leaders dans ce domaine. C’est un petit monde ; c’est vrai pour toutes ces maladies rares. Vous avez ce petit groupe de cliniciens qui sont vraiment fascinés par cette maladie et qui développent une expertise approfondie dans ce domaine. Ils se connaissent généralement, lisent les études des uns et des autres, avant publication, et s’échangent des commentaires. Il s’agit d’une communauté internationale très soudée, issue du monde entier.

Je connais un grand nombre de médecins de la communauté des cliniciens de la Séquence Pierre Robin. Nous avons interviewé un brillant médecin de Stanford, le Dr HyeRan Choo, qui a adopté la même approche orthodontique pour traiter les bébés avec la Séquence Pierre Robin, et nous réalisons avec elle une très belle interview qui sera publiée dans une semaine.

[Note de la rédaction : l’entretien avec le Dr HyeRan Choo de l’université de Stanford a été publié et peut être lu ici.]

 

Illustration montrant comment la plaque orthodontique (« OAP ») administrée par le Dr HyeRan Choo et son équipe pluridisciplinaire à Stanford, pousse la base de la langue vers l’avant de la bouche. En déplaçant la langue vers l’avant, la plaque orthodontique libère instantanément la gorge, sans intervention chirurgicale.

 

J’aimerais beaucoup vous fournir un lien que vous pourriez inclure dans vos notes pour ce podcast, parce que le traitement a maintenant traversé l’océan et a été adopté par Stanford en Amérique. Il est également en cours d’adoption à Harvard, par un autre expert fantastique de la Séquence Pierre Robin, le Dr Cory Resnick.

L’année dernière, notre organisation a interviewé le Dr Cory Resnick sur le diagnostic prénatal de la Séquence Pierre Robin. Cory et son équipe ont mené des recherches fascinantes sur la manière d’utiliser non seulement l’IRM, mais aussi l’échographie, pour identifier correctement, avec une très faible marge d’erreur, la Séquence Pierre Robin – pendant la période prénatale.  Ce diagnostic prénatal présente de nombreux avantages, comme nous l’avons déjà dit. Je veux dire par là qu’un diagnostic prénatal nous permet, à nous les parents, de nous préparer mentalement, émotionnellement, à la route difficile qui nous attend – mais il nous permet aussi de planifier. Il nous permet également de planifier l’accouchement : « Accouchons dans tel ou tel hôpital, mais certainement pas à la maison ». Cela permet de planifier réellement. Cela vous permet de commencer à réfléchir à l’équipe que vous voulez choisir pour le traitement de votre enfant, qui a des besoins particuliers, etc. Voilà une autre interview que nous avons beaucoup aimée, sur le diagnostic prénatal de la Séquence Pierre Robin.

Nous aimons que les médecins repoussent les limites, qu’ils remettent en question les idées reçues et qu’ils disent : « Pourquoi pas ? Pourquoi ne pas essayer ceci ? Cela semble prometteur. Poursuivons dans cette voie. Réalisons quelques études, explorons vraiment ce sujet. »  En effet, la recherche sur les maladies rares est malheureusement insuffisante dans tous les domaines, et ce pour de nombreuses raisons complexes. Il existe des milliers de maladies rares, qui sont généralement assez complexes et qui varient beaucoup d’un patient à l’autre. Par exemple, il est difficile pour une société pharmaceutique de consacrer d’énormes investissements au développement d’un traitement qui, en fin de compte, peut avoir une taille de marché assez réduite. On ne peut pas contester la réalité financière. Je veux dire qu’il serait formidable que davantage de ressources soient consacrées à la recherche sur les maladies rares. Mais ces limitations économiques font que la grande majorité des maladies rares n’ont pas de traitement ou de remède approuvé.

C’est l’une des réalités dévastatrices avec lesquelles nous, patients atteints de maladies rares et parents, devons vivre chaque jour : 90 à 95 % des maladies rares n’ont pas de traitement efficace ou de remède. Nous vivons donc au jour le jour, semaine après semaine, mois après mois, dans l’espoir d’apercevoir la lumière au bout d’un long tunnel. Mais c’est vraiment une situation difficile à vivre. C’est vraiment difficile.

C’est pourquoi il est si beau de voir le soutien du secteur privé, comme le beau geste de soutien de votre PDG chez Elsevier, lorsqu’elle nous a fourni un accès libre pour notre article. Nous pensons que l’article que nous avons écrit contribuera à ouvrir l’esprit des cliniciens impliqués dans la Séquence Pierre Robin, ainsi que des étudiants et des cliniciens qui sont encore en période de formation. Nous avons soulevé de nombreuses questions intéressantes dans l’article ; il ne s’agit pas d’un article émotionnel qui fait pleurer – « voici ce qui nous est arrivé, voici notre douloureux parcours de patient ». C’est bien plus que cela.  Nous parlons des différents traitements de la Séquence Pierre Robin, du point de vue du patient. Et c’est important, parce qu’il y a des données, mais il y a aussi des gens, et les deux sont essentiels dans le mélange. Je vous invite donc à lire cet article, que vous connaissiez ou non la Séquence Pierre Robin. Je pense qu’il vous aidera à voir les choses sous un angle légèrement différent, et c’est toujours utile dans la vie, de voir les choses sous un angle légèrement différent.

[Note de la rédaction : lire l’article ici.]

 

Shiv : Absolument, et je suis heureux que vous ayez abordé ce sujet. Il y a tant de fils que nous pouvons tirer de ce que vous venez de dire. J’ai lu l’article et l’une des choses que j’aime dans le fait de rencontrer des gens comme vous dans la communauté des maladies rares, en général, c’est de voir à quel point vous êtes passionnés, parce qu’il s’agit de votre fille. Il s’agit de votre famille.  Pensez à ce qui se passerait si les patients ou les membres de leur famille atteints de maladies plus courantes, comme le diabète ou l’hypertension, avaient 0,01 % de la motivation et de la passion qui se manifestent dans tant de groupes de la communauté des maladies rares. Nous serions en mesure d’éviter tant de souffrances, de douleurs et de coûts inutiles de santé.

Une chose que je voudrais aborder et que vous avez clairement exposée dans votre exposé, c’est que parce qu’il s’agit d’une maladie rare sur 10 000, ou sur 100 000 pour d’autres maladies rares, il n’y aura pas de centre d’excellence pour les maladies rares pour chaque maladie rare, dans chaque pays. C’est ce que vous soulignez dans votre article. Il est important que les gouvernements et d’autres acteurs rendent possible… non pas d’entraver, mais d’aider les patients atteints de maladies rares à se rendre dans ces centres d’excellence pour y recevoir les meilleurs soins. Par exemple, ils n’iront pas chez un spécialiste des fentes, mais chez un spécialiste des plaques palatines de Tübingen, que ce soit à Stanford ou à Tübingen.

Pouvez-vous nous parler de certains des défis que vous avez dû relever ? Lysiane est née en France, le traitement se fait en Allemagne. Je pense que votre formation juridique vous a permis d’obtenir que la France paie les frais de santé que vous et votre famille avez dû supporter en Allemagne.

 

Philippe : J’ai une certaine expérience de la question des soins de santé transfrontaliers en Europe, ce qui est amusant, car je suis Américain. J’ai beaucoup appris sur les soins transfrontaliers en Europe, en particulier dans le contexte des patients atteints de maladies rares, en raison de la situation à laquelle nous avons été confrontés avec notre fille Lysiane.

Elle est née en France dans un hôpital qui n’était pas un centre d’excellence pour sa maladie rare – et elle avait vraiment besoin d’être dans un centre d’expertise pour sa maladie rare. Elle est atteinte d’une forme syndromique de la Séquence Pierre Robin ; elle a eu et continue d’avoir de très graves problèmes. La France aurait dû nous permettre de transférer Lysiane dans un centre d’expertise, et nous avions identifié un centre d’expertise pour la Séquence Pierre Robin, l’hôpital universitaire de Tübingen, en Allemagne. On pourrait se dire : « Vous êtes en France, et maintenant vous parlez d’aller en Allemagne » – mais l’Allemagne est juste de l’autre côté de la frontière. Le trajet en ambulance n’est pas très long.

Nous avons donc appris à connaître les lois. Je suis avocat, j’ai donc pu faire cette recherche juridique – et la loi la plus importante en question s’appelle le règlement 883. Il stipule qu’un patient de l’Union européenne atteint d’une maladie rare a le droit d’accéder à un traitement de maladie rare dans un autre pays de l’Union européenne, si ce traitement n’est pas disponible dans son pays de résidence.

Nous avons donc demandé au gouvernement français l’autorisation pour notre fille de recevoir le traitement de la plaque palatine de Tübingen, juste de l’autre côté de la frontière, en Allemagne. Nous avons préparé une très belle demande, qui comprenait quatre études médicales internationales évaluées par des pairs. Pour la plaque palatine de Tübingen, il existe une étude contrôlée datant de 2007 et une série d’études médicales ultérieures qui ont examiné ce traitement sous tous les angles, en utilisant toujours la médecine fondée sur des preuves. Pour la Séquence Pierre Robin, cela signifie des examens de polysomnographie avant et après l’intervention, ainsi que des données sur la prise de poids. Il ne s’agit donc pas simplement d’un groupe de cliniciens qui disent « Nous pensons que ce traitement pourrait être efficace ». Il s’agit de critères objectifs, d’études de très grande qualité, établis par le centre d’expertise de la Séquence Pierre Robin à l’hôpital universitaire de Tübingen.

La demande a été rejetée par le gouvernement français. Nous avons donc dû faire face à une période indéfinie dans l’unité de soins intensifs. Notre fille avait déjà passé cinq semaines entières dans l’unité de soins intensifs française, reliée à une machine respiratoire mécanique et à une machine d’alimentation. N’importe où dans le monde, cinq semaines en soins intensifs coûtent une fortune. En fait, nous disions au gouvernement français : « Laissez-nous vous faire économiser de l’argent ; laissez-nous faire suivre à Lysiane un traitement qui promet de la libérer de la machine respiratoire et de la faire sortir de l’unité de soins intensifs en deux ou trois semaines. » C’est tout, vous voyez ? Et ils ont refusé. Il ne s’agissait donc pas d’une situation où le rejet était fondé sur un coût exorbitant, par exemple la thérapie génique – ou un traitement dont l’efficacité ou la sécurité était remise en question – ce n’était pas du tout cela. Disons simplement que le refus n’était pas fondé sur des raisons médicales.

Nous devions donc envisager de garder Lysiane dans l’unité de soins intensifs française pendant encore cinq semaines, dix semaines, nous n’avions aucune idée de la durée, car il n’y avait pas de date de sortie prévue. L’unité de soins intensifs était déjà devenue notre deuxième maison. Nous y allions, nous mettions nos affaires dans les casiers, nous nous lavions les mains et les bras, nous portions les blouses bleues et nous passions toute la journée et la soirée dans l’unité de soins intensifs. Puis, le soir, nous devions partir, nous rentrions chez nous. Et nous revenions le lendemain ; c’était le cycle quotidien. C’était très pénible.

Nous avons décidé d’obtenir un prêt bancaire. Mon père a emprunté de l’argent sur sa maison et a transféré l’argent à l’hôpital allemand – et nous avons transféré Lysiane en Allemagne. Nous avons décidé que la priorité absolue était de lui faire suivre le traitement, même si nous devions le payer nous-mêmes, parce que le traitement est urgent. Plus le traitement commence tôt, mieux c’est, et plus les bébés réagissent favorablement. Nous avons estimé que les litiges juridiques et administratifs devaient être secondaires.

Elle a reçu le traitement en Allemagne. Comme promis, elle a été libérée de la machine respiratoire. Nous avons quitté l’hôpital allemand en 19 jours, je crois, et cela a changé notre vie. Rappelez-vous que Lysiane n’avait jamais quitté l’hôpital ; elle était née à l’hôpital et n’en était jamais sortie – cinq semaines d’affilée dans l’unité de soins intensifs française, sans espoir de sortir dans les cinq semaines suivantes. Nous n’avions aucune idée de la date à laquelle elle sortirait. Nous étions donc très satisfaits des résultats. Une fois rentrés en France, nous avons entamé un recours administratif. Et c’est assez incroyable, parce que le recours se poursuit encore aujourd’hui.

Nous avons décidé de poursuivre la France en 2019 pour violation du droit européen. Nous savions que Lysiane avait le droit d’accéder au traitement en Allemagne. La Commission européenne a spécifiquement examiné l’affaire et a conclu que la France était en infraction. Nous sommes en août 2022, ce qui signifie que nous avons attendu trois ans et six mois – et nous n’avons toujours pas eu une seule audience. La France a donc déjà violé la législation européenne sur les soins de santé transfrontaliers… et maintenant, la France a également violé la législation sur les droits de l’homme, car c’est un droit humain fondamental que toute personne ait droit à un procès équitable dans un délai raisonnable. Le fait est qu’on ne peut pas faire attendre quelqu’un pendant trois ans et demi sans lui accorder une seul audience – et c’est pourtant ce qu’a fait la France. Mais nous n’allons pas abandonner. Peu importe que nous devions nous battre pendant cinq ans, dix ans, quinze ans – nous obtiendrons justice.

Ce qui ressort de tout cela, c’est que lorsqu’un traitement pour une maladie rare est disponible – dans le cas relativement improbable où il existe un traitement sûr et efficace pour une maladie rare – il faut faciliter l’accès des patients à ce traitement. Les personnes, les administrateurs et les systèmes de santé doivent se plier en quatre pour faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que le patient atteint d’une maladie rare puisse bénéficier de ce traitement le plus rapidement possible. Aider le patient, c’est tout à fait possible – pourquoi dresser des obstacles ?

En même temps, il y a un côté positif à tout cela. Les difficultés auxquelles nous sommes confrontés dans notre quête de justice pour Lysiane contribuent à mettre en lumière un problème auquel sont confrontés de nombreux patients atteints de maladies rares, à savoir l’accès aux soins. Pour les patients atteints de maladies rares, l’accès devrait être facilité ; en pratique, il est souvent entravé.

J’aimerais faire une demande, une demande sincère, aux étudiants et aux jeunes cliniciens qui écoutent ce podcast. Si vous êtes confronté à un patient atteint d’une maladie rare complexe, n’oubliez pas que vous n’êtes probablement pas le clinicien le mieux qualifié pour traiter ce patient. Votre travail ne consiste pas à « faire semblant jusqu’à ce que vous réussissiez ». Il ne s’agit pas de dire « je m’en occupe ». Mettez votre confiance de côté et acceptez le fait qu’il y a probablement quelque part un clinicien qui a passé des années à étudier cette maladie rare particulière, qui la connaît mieux que quiconque – ou peut-être qu’il existe un petit réseau d’experts hautement spécialisés dans cette maladie rare.

En tant que jeune clinicien ou étudiant, votre travail consiste à localiser les ressources. Vous allez lire les études sur cette maladie rare. Regardez les auteurs dont les noms reviennent sans cesse dans la littérature. Prenez contact avec ces personnes et dites-leur : « Vous semblez être un véritable expert de cette maladie, et je m’occupe d’un patient qui, je crois, souffre de cette maladie. J’apprécierais beaucoup votre participation, vos idées, vos suggestions, en ce qui concerne le parcours de soins. Qu’en dites-vous ? » Ils vous répondront, car ces cliniciens sont passionnés par cette maladie rare et par les patients qui en sont atteints.

Alors s’il vous plaît, jeunes cliniciens, trouvez ces experts, établissez la connexion et aidez à servir de pont entre le patient atteint d’une maladie rare qui est en face de vous et l’expert qui est à un courriel de distance. Il peut se trouver dans une autre ville. Ils peuvent même se trouver dans un autre pays. Mais il est très probable qu’en raison de leur passion et de leur fascination pour cette maladie rare, ils feront plus que ce que vous pouvez imaginer pour vous aider et aider votre patient. Pensez-y. Je vous prie d’y penser.

 

Shiv : C’est un conseil incroyable. Vous m’avez mis en contact avec Durhane Wong-Rieger, de l’Organisation canadienne pour les maladies rares, et nous avons discuté hier. Elle participera au podcast dans quelques semaines. Elle a mentionné des choses similaires et a suggéré que nous fassions un cours qui aide notre public et les professionnels de la santé en début de carrière non seulement à mieux identifier ces maladies rares, mais aussi à y regarder à deux fois. Nous espérons qu’avec l’amélioration de l’intelligence artificielle, la lecture des échographies et d’autres choses de ce genre, ils ne seront plus obligés de connaître toutes les maladies rares.

Être ce pont et cette ressource n’est pas vraiment enseigné. Certaines communautés de maladies rares ont la chance d’avoir des défenseurs comme vous, intelligents et motivés. Si quelqu’un qui écoute ce podcast a manqué l’introduction sur votre identité et votre parcours, il pensera à différents moments : « Oh, c’est un médecin », vu la facilité avec laquelle vous parlez de toutes ces maladies. Ou bien « c’est un parent », lorsque vous parlez de votre parcours personnel ; « c’est un avocat », lorsque vous parlez de la législation transfrontalière en matière de soins de santé ; « c’est un défenseur, qui dirige une organisation et travaille sur les maladies rares ».

C’est également un point important. Vous trouvez la bonne combinaison – une personne ou un groupe de personnes très motivées – et vous constituez ensemble l’équipe de soins. Les personnes qui nous écoutent ne verront probablement jamais certaines pathologies. Mais le fait est que s’ils écoutent ceci, ou s’ils regardent une vidéo d’Osmosis sur ce sujet, quelque part au fond de leur tête, ils savent qu’il y a des choses qu’ils ne comprennent pas – et ils ont l’humilité de ne pas les comprendre.  Et ils penseront à être ce pont, et à défendre leur patient – ou à demander à l’équipe d’infirmières de le faire, ou à un travailleur social d’être formé sur la façon de le faire. C’est vraiment essentiel. Je suis heureux que vous l’ayez mentionné.

J’aimerais aborder deux autres questions, et laisser la question ouverte. Vous avez déjà donné beaucoup de conseils à notre public, mais en élargissant, quel autre conseil voudriez-vous donner à tous ceux qui nous écoutent, en particulier en ce qui concerne les maladies rares ?

 

Philippe : J’aimerais encourager les auditeurs à envisager sérieusement d’explorer une maladie rare, de s’y plonger et de s’y immerger. Il s’agit de maladies très complexes. En tant qu’étudiants et jeunes cliniciens, vous êtes tous dotés d’un QI largement supérieur à la moyenne, ce qui pourrait constituer une très belle combinaison. Vous êtes très intelligents. Vous êtes très ambitieux. Vous avez une formation médicale et voici le mystère profond d’une maladie rare. Vous pourriez devenir l’un des experts mondiaux de cette maladie rare. Vous pourriez découvrir que plus vous allez loin et plus vous apprenez, plus vous aimez cette mission exploratoire.

Cela peut être vraiment fascinant, mais aussi décourageant, parce que beaucoup de ces maladies n’ont pas encore de traitement efficace. Vous verrez certains patients arriver, et malheureusement, vous les verrez partir. Le taux de mortalité de ces maladies rares est incroyablement élevé et se concentre sur les très jeunes patients. Mais cela donne encore plus de sens à notre action, car c’est là que se joue la bataille. Je veux dire par là que les maladies rares sont l’un des domaines les plus négligés des soins de santé.

Comme vous l’avez dit Shiv, il existe des milliers de maladies rares. La plupart d’entre elles n’ont pas de traitement efficace ou de remède. Mais d’après ce que nous apprenons sur la génétique, les choses pourraient être en train de changer. Nous pourrions être en train de franchir un cap, grâce à la thérapie génique, et vous pourriez donc être celui qui fera une énorme différence. Peut-être pas pour le monde entier, vous savez ? Pas comme Jonas Salk, mais pour une petite population de patients qui ont désespérément besoin d’aide. Ils vous seraient absolument dévoués pour vos efforts – pour le fait même que vous consacriez votre temps et votre énergie à essayer de faire la différence pour eux.

Vous ne pouvez pas imaginer la loyauté et la dévotion profondes que nous, patients atteints de maladies rares, avons pour ces cliniciens acharnés qui participent aux conférences sur nos maladies rares et qui publient des articles sur nos maladies rares. Nous les considérons comme l’espoir le plus brillant pour nos enfants. Je vous encourage donc vraiment à vous intéresser à l’espace maladies rares. Ce n’est qu’une idée. Le monde vous est ouvert. Vous pouvez prendre tellement de directions différentes, mais pensez à celle-ci, pensez à la voie des maladies rares. C’est une voie digne d’intérêt.

 

Shiv : Je pense que c’est très bien exprimé. C’est une histoire qui revient sans cesse… qu’il s’agisse de « Chasing My Cure » [Dr David Fajgenbaum] ou de John Crowley, atteint de la maladie de Pompe – un ou plusieurs cliniciens consacrent leur vie à une maladie rare. Que ce soit parce qu’il s’agit d’un défi intellectuel, qu’ils ont une histoire personnelle liée à cette maladie, qu’ils sont simplement curieux, ou qu’ils veulent lancer un radeau de sauvetage pour cette communauté qui a besoin de beaucoup d’aide.

En ce qui concerne la comparaison avec Salk, je dirai aussi qu’il existe des exemples où des cliniciens ou des chercheurs consacrent du temps à découvrir les raisons de l’apparition d’une maladie rare – et les conséquences sont considérables. Par exemple, l’hypercholestérolémie familiale ; la recherche sur cette maladie rare a conduit au développement des statines, qui sont aujourd’hui utilisées par plus de 200 millions de personnes dans le monde. Il est donc tout à fait possible que, dans le cas de certaines de ces maladies très redoutables et difficiles à traiter, il y ait, sous toutes ces couches, une physiologie ou une pathophysiologie fondamentale qui pourrait être utilisée pour de nombreuses autres maladies.

Je tiens donc à le préciser à notre public ; j’espère que nous pourrons motiver certains d’entre eux à poursuivre dans cette voie. Deux autres questions. Comment va Lysiane maintenant ? Elle a cinq ans, je crois ?

 

Philippe : Oui, elle a cinq ans. Elle est une enfant handicapée. Et c’est une chose étrange, parce qu’il y a un chevauchement entre la communauté des maladies rares et la communauté des handicapés. Elle est les deux.  Elle est atteinte d’une maladie rare – une qui a été diagnostiquée et une autre que l’on essaie encore d’identifier – et elle est handicapée. C’est un véritable défi. C’est très, très difficile.

Nous faisons de notre mieux, chaque jour. On apprend beaucoup sur soi-même en tant que personne et en tant que parent. On est poussé dans ses retranchements… on est poussé au-delà de ce que l’on pensait être ses limites. Et cela ne devient pas vraiment plus facile. Honnêtement, cela ne devient pas vraiment plus facile. Les choses changent, mais c’est une étrange odyssée que d’être un parent d’un enfant atteint d’une maladie rare, pour nous, et je pense pour beaucoup de parents d’un enfant atteint d’une maladie rare. Cela vous oblige à tout remettre en question et à vous poser de grandes questions sur la vie.

Vous ne pouvez pas continuer à vous demander « pourquoi nous ? ». Au lieu de cela, vous devez changer de vitesse et vous demander « quelle est la prochaine étape ? », vous savez, « que pouvons-nous faire maintenant ? » On ne peut pas se permettre de s’apitoyer sur son sort. Il faut relever les défis de chaque jour. Quand on est parent d’un enfant atteint d’une maladie rare, on fait tout ce qu’on peut pour votre enfant, au mieux de vos capacités.

L’une des choses qui nous inquiètent – et je sais que beaucoup de personnes dans notre situation comprendront exactement ce que je veux dire – c’est que nous nous inquiétons de ce qui se passera lorsque nous ne serons plus là. Comment votre enfant sera-t-il pris en charge, et de quelle manière, lorsque vous ne serez plus là ? C’est l’une de ces choses bizarres auxquelles le parent typique n’est pas vraiment confronté.  Vous espérez que votre enfant sera admis dans une grande école, qu’il trouvera le travail qu’il souhaite et qu’il aura un mariage heureux. En fait, nous nous inquiétons de ce qui se passera quand nous serons morts. Cela semble vraiment morbide, mais c’est un exemple de la gravité intense de l’expérience des maladies rares – en particulier lorsque la maladie rare a une composante neurologique – pas seulement un handicap physique, mais aussi un handicap intellectuel.

C’est dur, c’est dur. Mais il faut continuer à avancer. Et je pense que les difficultés peuvent potentiellement déboucher sur de très belles choses. En Amérique, l’Organisation Nationale pour les Maladies Rares (« NORD »), qui a changé la donne pour les patients atteints de maladies rares, a été créée par une femme, Abbey Meyers.  Elle s’est décrite – et c’est une citation – comme « une simple femme au foyer du Connecticut dont les enfants sont atteints d’une maladie génétique rare ». Cette « simple femme au foyer » a créé NORD, qui est à l’origine de l’adoption de la loi sur les médicaments orphelins de 1983. Aucune politique au monde – ni en Amérique, ni en Europe – n’est comparable aux avantages découlant de la loi de 1983 sur les médicaments orphelins.

L’idée est donc que les parents qui n’ont pas de formation médicale, mais qui ont leur mot à dire – ils ont des enfants atteints d’une maladie rare, ou ils souffrent eux-mêmes d’une maladie rare – peuvent faire de bonnes choses. Ils peuvent jouer un rôle important dans le mouvement. En fin de compte, ce sont les cliniciens qui comptent, mais ceux qui ne sont pas cliniciens peuvent aussi apporter une contribution très utile et ouvrir des portes aux cliniciens. Ils peuvent aider à obtenir des financements pour la recherche, ils peuvent aider à faire passer des lois qui incitent les entreprises pharmaceutiques à investir dans la recherche et le développement, etc.

Et comme vous l’avez dit, la recherche et le développement dans le domaine de médicaments orphelins pour les maladies rares a souvent des effets bénéfiques inattendus pour la population générale. Lorsque l’on étudie des conditions extrêmes, on apprend souvent des choses sur les conditions plus courantes. Il ne faut donc pas croire qu’il s’agit uniquement de charité, pour de minuscules sous-groupes de patients. Non, c’est de la science – et grâce à cette recherche, vous pouvez apprendre et faire la différence, pour de nombreuses personnes, et pas seulement pour les patients atteints de maladies rares.

 

Shiv : Absolument. C’est un très bel exemple de cette célèbre citation : « Ne doutez pas qu’un petit groupe de personnes très motivées puisse changer le monde. En fait, c’est la seule chose qui l’ait fait. »

 

Philippe : Margaret Mead, c’est ça ?

 

Shiv : Margaret Mead. Oui, exactement. Je l’ai paraphrasée, j’ai pris beaucoup de libertés. Mais oui, c’est une de ces citations très motivantes. Tout ce que nous pouvons faire pour contribuer à la sensibilisation et à l’éducation est une chose à laquelle je sais que nous sommes attachés chez Osmosis et Elsevier.

Philippe, y a-t-il autre chose ? Nous avons couvert beaucoup de terrain. Je vous suis très reconnaissant du temps que vous m’avez accordé. Y a-t-il quelque chose d’autre que vous aimeriez laisser à notre public aujourd’hui avant de vous laisser partir ?

 

Philippe : J’aimerais dire que les médecins ont parfois l’impression d’être sur la sellette. Mais vous, les cliniciens, vous avez l’un des boulots les plus difficiles qui soient, d’accord ? Les enjeux ne pourraient pas être plus élevés, et il y a tellement de choses que nous ne savons pas. Nous en savons beaucoup, mais il y a tant de choses que nous ignorons. Je tiens donc à vous remercier de faire l’un des métiers les plus difficiles qui soient. Nous vous apprécions et nous avons besoin de vous. Alors continuez à travailler, gardez la foi, et acceptez mes remerciements et mon admiration pour vos études et votre travail acharnés, ainsi que pour le stress auquel vous êtes confrontés chaque jour dans votre carrière de cliniciens. Je vous remercie beaucoup. Je l’apprécie, et toute ma famille l’apprécie. Nous avons besoin de vous et nous vous remercions.

 

Shiv : Philippe, merci beaucoup d’avoir pris le temps de partager votre histoire et tant d’idées. Il va être très difficile pour nous de choisir la citation qui accompagnera ce podcast. Je dirai que nous avons fait plus de 300 podcasts ; j’en ai probablement fait environ 70 %, en tant qu’animateur. Celui-ci est certainement l’un de mes préférés, si ce n’est le premier, simplement parce que j’entends la passion. Il contient beaucoup de bonnes idées – et je veux vraiment que tous nos auditeurs s’engagent comme vous l’avez dit. Qu’il s’agisse d’être ce pont, lorsqu’ils voient quelque chose qu’ils ne comprennent pas, ou d’aller jusqu’au bout et de devenir un véritable défenseur ou un leader, ou encore d’assister aux symposiums sur une pathologie spécifique et peut-être d’avoir un impact incroyable du point de vue de la politique, de la recherche ou de la clinique. Tout ce qu’ils peuvent faire.

J’apprécie vraiment, vraiment, le temps que vous m’avez accordé. Je suis très heureux que Kumsal nous ait mis en contact.

 

Philippe : Merci. Merci, Shiv. Merci à Osmosis et à Elsevier. J’apprécie vraiment l’intérêt que vous portez à ce sujet. Je vous en suis très reconnaissant. Merci beaucoup pour cette opportunité.

 

Shiv : Nos auditeurs peuvent s’attendre à de nombreux autres épisodes consacrés aux maladies rares. C’est un domaine qui nous passionne pour les raisons que nous venons d’évoquer pendant une heure. Sur ce, permettez-moi de vous remercier d’avoir écouté l’émission d’aujourd’hui et n’oubliez pas de faire votre part pour élever la ligne et aplatir la courbe.

 

Troisième Réunion Internationale de Consensus sur la Séquence Pierre Robin


La 3e Réunion Internationale de Consensus sur la Séquence Pierre Robin était une conférence médicale internationale qui a rassemblé des experts de la Séquence Pierre Robin du monde entier. La conférence s’est tenue à l’hôpital universitaire de Tübingen en Allemagne.

Au cours des 20 dernières années, les experts de cet hôpital ont développé et testé scientifiquement la « Plaque Palatine de Tübingen ». La Plaque Palatine de Tübingen est un traitement non chirurgical révolutionnaire pour les bébés souffrant de la Séquence Pierre Robin. L’université de Stanford en Californie propose le même traitement révolutionnaire et d’autres grands hôpitaux universitaires américains sont en train de l’adopter.

Il a été médicalement prouvé que le traitement de la Plaque Palatine de Tübingen résout les difficultés respiratoires et améliore l’alimentation (par exemple 2020, 2019, 2019, 2017, 2017, 2016, 2014, 2011, 2009, 2007, etc.). Il permet aux bébés SPR d’éviter une chirurgie agressive, y compris la MDO (ostéogenèse par distraction mandibulaire). Et elle élimine la nécessité de dormir sur le ventre. Le sommeil sur le ventre est aujourd’hui très controversé, car il augmente considérablement le risque de mort subite du nourrisson (MSN).

Les organisateurs de la conférence ont invité Pierre Robin Europe à faire une présentation sur la Séquence Pierre Robin du point de vue du patient. Le public étant composé d’experts de la Séquence Pierre Robin, principalement des chirurgiens et des médecins, nous n’avons pas fait d’introduction à la Séquence Pierre Robin. Au lieu de passer en revue les bases, nous avons décidé d’utiliser notre temps limité pour soulever des questions difficiles auxquelles les cliniciens pourraient réfléchir après la conférence. Notre présentation aborde la médecine fondée sur les preuves, l’accès aux soins, l’éthique médicale et la qualité de vie. Nous évoquons également brièvement le premier procès intenté par une famille de SPR devant la Cour européenne des droits de l’homme. Ce procès, officiellement soutenu par EURORDIS, l’Organisation européenne pour les maladies rares, a été intenté à l’occasion de la Journée des maladies rares, le 28 février 2023.

À propos de nous, sans nous

À propos de nous, sans nous.

Lettre à l’AMEQUIS, l’organisme d’évaluation désigné pour évaluer le système ERN de l’UE

De la part de : Philippe Pakter
Date : 22 mars 2023
Objet : ERN-Cranio – retour d’information

Cher organisme d’évaluation de l’AMEQUIS,

Vendredi 17 mars dernier, vous-même et vos collègues de l’AMEQUIS, l’organisme d’évaluation désigné par la Commission européenne, avez eu la gentillesse de recueillir les commentaires des représentants des patients d’ERN-Cranio.

Au cours de la réunion, vous avez posé des questions sur l’implication des patients dans l’élaboration des lignes directrices de pratique clinique.

ERN-Cranio a récemment produit des lignes directrices de pratique clinique pour la maladie rare qu’est la séquence de Pierre Robin. Concernant ce projet ERN-Cranio financé par l’UE :

  1. Le groupe de travail d’ERN-Cranio chargé de créer les lignes directrices de l’UE pour la séquence de Pierre Robin ne comprenait aucun patient atteint de cette maladie.
  2. Le vote de consensus d’ERN-Cranio sur ces lignes directrices de l’UE pour la séquence de Pierre Robin n’incluait aucun patient de la séquence de Pierre Robin.

Zéro patient atteint de la séquence de Pierre Robin dans le groupe de travail et zéro patient atteint de la séquence de Pierre Robin dans le vote de consensus pour les lignes directrices de pratique clinique d’ERN-Cranio financées par l’UE pour la maladie rare qu’est la séquence de Pierre Robin.

Ce document produit par ERN-Cranio et financé par l’UE ne répond pas aux normes minimales du système ERN de l’UE, qui exige légalement que ces documents financés par l’UE soient « centrés sur le patient ». Zéro et zéro n’est pas synonyme de centré sur le patient.

Je vous écris au nom de Pierre Robin Europe, en tant que président de l’organisation. Nous représentons les patients atteints de la maladie rare qu’est la séquence de Pierre Robin. Au sein de l’ERN-Cranio, nous sommes les seuls représentants des patients atteints de la séquence de Pierre Robin. Nous, Pierre Robin Europe, sommes membres d’ERN-Cranio depuis 2018 ; nous avons donc été officiellement admis au sein d’ERN-Cranio plusieurs années avant le début de ce projet d’élaboration de lignes directrices sur la séquence Pierre Robin. La coordinatrice d’ERN-Cranio, la Dre Irene Mathijssen, nous a intentionnellement exclus de ce projet de développement de lignes directrices financé par l’UE. Cela soulève plusieurs questions, dont les suivantes :

  • Pourquoi la coordinatrice d’ERN-Cranio, la Dre Irene Mathijssen, nous a-t-elle exclus de ce projet de développement de lignes directrices alors que nous sommes les seuls représentants de patients au sein d’ERN-Cranio à représenter les patients atteints de la séquence de Pierre Robin ?
  • Pourquoi le très respecté coordinateur d’un autre ERN, qui a reçu le prix EURORDIS « Black Pearl » pour ses contributions exceptionnelles au mouvement des maladies rares, a-t-il envoyé une lettre officielle de réclamation au ministre allemand de la Santé concernant ce projet de développement de lignes directrices de l’ERN-Cranio sur la séquence de Pierre Robin ?
  • Comment la Commission européenne, qui a fourni à ERN-Cranio 50 000 euros de financement direct pour ce projet de développement de lignes directrices sur la séquence de Pierre Robin, peut-elle prétendre qu’il est « centré sur le patient », alors que le groupe de travail ne comptait aucun patient atteint de la séquence de Pierre Robin, et que le vote de consensus ne comptait aucun patient atteint de la séquence de Pierre Robin ?
  • Quel mécanisme est en place dans le système ERN de l’UE pour assurer la responsabilité lorsqu’un projet financé par l’UE démontre un tel niveau de dysfonctionnement ?

[…]

Nous attendons avec impatience de parler avec vous. Nous attendons avec impatience de parler avec vous.

Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées,

Philippe Pakter
Président, Pierre Robin Europe : L’association officielle de patients d’ERN-Cranio pour la séquence Pierre Robin
Membre d’EURORDIS, l’organisation européenne pour les maladies rares
Membre, VSOP, Vereniging Samenwerkende Ouder-en Patiëntenorganisaties
Doctorant en droit : « Accès aux soins de santé en Europe : l’efficacité de la législation européenne dans le contexte des patients atteints de maladies rares »

Lysiane

Une lettre au Président Macron au sujet d’un bébé français atteint d’une maladie rare, SPR, qui s’est vu refuser l’accès à un traitement sûr en Allemagne.

Le point de vue d’un patient sur la prise en charge de la Séquence de Pierre Robin

Le point de vue d’un patient sur la prise en charge, la Séquence de Pierre Robin.


Commentaires:

“Merci, Philippe – c’est formidable et cela souligne la nécessité ou devrais-je dire l’impératif absolu que nous obtenions et tenions compte de la perspective du patient / parent dans l’approche des maladies rares. Cela fournit certainement des aspects que nous ne lisons pas dans les manuels.”

– Prof. Dr. Peter A. Mossey
Professeur et titulaire de la chaire de développement cranio-facial et d’orthopédie dento-faciale de l’Université de Dundee ; doyen associé pour la recherche ; directeur du centre collaborateur de l’OMS pour les anomalies cranio-faciales et le transfert de technologie.


Lettre à Madame Stella Kyriakides, Commissaire européenne à la santé

Le 5 décembre 2019, nous avons envoyé une lettre à Madame Stella Kyriakides, Commissaire européenne à la santé…
Lire la suite

Rare Revolution Magazine (Magazine Révolution Rare)

RARE Revolution Magazine (Magazine Révolution Rare), article, « Franchir les frontières pour bénéficier du traitement d’une affection rare : Le parcours de Lysiane » Lire la suite

La Séquence Pierre Robin – Document Informatif Pour Les Parents

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Chers Parents,

Bien que la Séquence de Pierre Robin soit décrit dans Orphanet, la base de données européenne des Maladies Rares et Orphelines, dans la base de données américaine NORD Rare Disease et dans la base de données GARD sur les maladies génétiques et rares, les informations contenues dans ces bases de données semblent être écrites pour les médecins et non pour les parents. Notre objectif était de produire le type de document que chacun de nous aurait souhaité avoir en tant que parents, lorsque les médecins nous ont annoncé pour la première fois que notre bébé avait la Séquence de Pierre Robin.

Pour créer ce document, nous avons collaboré avec des professionnels de la santé – médecins, infirmiers, chirurgiens et orthodontistes – ainsi que des parents et des groupes de patients de la Séquence de Pierre Robin. Le document a eu beaucoup de corrections mais nous pouvons maintenant le partager. La version actuelle fournit des informations sur la Séquence de Pierre Robin et divers traitements, chirurgicaux et non chirurgicaux. Comme le document s’adresse à des parents comme nous, sans connaissance approfondie de la médecine, nous avons utilisé un langage clair et des explications simples. Grâce à la participation de tous les différents professionnels de la santé, le document a été confirmé comme étant précis et objectif sur le plan médical. Nous savons qu’il y a toujours place à l’amélioration et nous continuerons certainement à essayer de l’améliorer dans le futur. Par conséquent, tous les commentaires, qu’ils soient positifs ou négatifs, sont les bienvenus sur la page de Contact.

Nous souhaitons à chacun de vous, chers parents, nos meilleurs vœux et encouragements.

Cordialement,

Philippe Pakter
Fondation Pierre Robin Europe (Stichting Pierre Robin Europe)

La Séquence de Pierre Robin
La Condition et les Différents Traitements

La Séquence Pierre Robin – Document Informatif Pour Les Parents

Présentation de la Séquence Pierre Robin

La Séquence Pierre Robin est une condition rare, et bien que les chiffres exacts soient inconnus, elle toucherait environ 1 bébé sur 8 500. Il porte le nom d’un dentiste, Pierre Robin, qui a travaillé à Paris, en France, et qui a étudié et écrit sur la maladie au cours des années 1920 et 1930. La Séquence Pierre Robin se caractérise par un ensemble de difformités buccales et faciales : une petite mâchoire inférieure (le terme médical est « micrognathie »); la petite mâchoire inférieure du bébé est en retrait du visage du bébé (le terme médical est « rétrognathie »); la langue du bébé, au lieu de rester à plat dans la bouche, se redresse, dans le fond de la gorge, dans une position inclinée ou verticale (le terme médical est « glossoptose »); et dans la plupart des cas, le bébé a une fente palatine non pas à l’extérieur mais à l’intérieur de la bouche du bébé. Les problèmes auxquels ces bébés sont confrontés incluent l’obstruction des voies respiratoires supérieures, des difficultés respiratoires et des difficultés d’alimentation. La gravité de ces difficultés varie d’un bébé à l’autre.

Une très petite mâchoire inférieure (« micrognathie »).

 

La langue du bébé, au lieu de rester à plat dans la bouche, se redresse, dans le fond de la gorge, dans une position inclinée ou verticale; le terme médical est « glossoptose ».

Le Séquence de Pierre Robin porte en fait plusieurs noms légèrement différents. Certains l’appellent « Séquence de Pierre Robin »; d’autres l’appellent Séquence de Pierre Robin, ou Séquence Robin, Robin Anomalad, RS, PRS, etc. Dans ce document, nous utiliserons le nom simple et abrégé, « Séquence Robin ».

Bien que la Séquence Robin fasse partie de la vaste catégorie des maladies rares et soit incluse dans les principales bases de données de maladies rares européennes et américaines (Orphanet, NORD et GARD), elle peut également être décrite comme une condition et une Séquence. Mais pourquoi la Séquence Robin est-elle décrite comme une « Séquence »? La raison en est qu’avec la Séquence Robin, un problème conduit à un autre problème, dans une chaîne d’événements – dans une « Séquence ». Par exemple : au cours du développement normal du bébé dans l’utérus de la mère, le processus de croissance commence par un palais divisé et ouvert ; le toit de la bouche du bébé est ouvert. Environ 8 à 12 semaines après le début de la grossesse, les deux côtés du palais du bébé se rejoignent et se ferment normalement. Cependant, chez les bébés atteints de la Séquence Robin, la mâchoire inférieure du bébé est très petite. Comme la mâchoire inférieure est très petite, il n’y a presque pas de place pour la langue du bébé; la langue du bébé ne peut pas s’allonger à plat dans une position horizontale et plate, à l’intérieur de la bouche du bébé. Au lieu de cela, la langue du bébé se contracte et pousse à l’arrière de la bouche du bébé, dans une position inclinée et verticale. Le problème est que si la langue du bébé est dans cette position verticale, le palais du bébé ne peut pas se joindre et se fermer car la langue est gênante. Ainsi, la petite mâchoire inférieure mène à une Séquence d’événements : avec une petite mâchoire inférieure, la langue n’a pas assez d’espace. Par conséquent, elle est poussée vers le haut, en position verticale ; cela empêche la fermeture du palais car la langue gêne. Le résultat est une petite fente, un trou, au niveau du palais du bébé.

Il est important de noter que tous les bébés atteints de Séquence Robin n’ont pas une fente palatine. Certains ne souffrent que d’une très petite mâchoire inférieure (« micrognathia ») profondément abaissée et reculée (« retrognathia ») et d’une langue en position verticale surélevée à l’arrière de la gorge du bébé ( « glossoptose »). Comme tous les bébés atteints de Séquence Robin n’ont pas de fente palatine, des efforts récents ont été déployés pour ne pas se focaliser sur la présence ou l’absence d’une fente palatine. Au lieu de cela, les médecins se concentrent davantage sur le fait que le bébé montre des signes d’obstruction des voies respiratoires supérieures, ce qui peut entraîner des risques très graves pour la vie et la santé à long terme du bébé.

Lors d’une réunion en mai 2017 à Toronto, au Canada, des médecins du monde entier qui traitent et étudient les Séquence Robin se sont réunis pour discuter de la voie à suivre. Les médecins sont parvenus à un accord général, à un consensus. Les trois caractéristiques nécessaires au diagnostic de la Séquence Robin sont la micrognathie, la glossoptose et l’obstruction des voies respiratoires supérieures. Une fente palatine n’est pas nécessaire pour le diagnostic de la Séquence Robin.

La Séquence Robin apparaît souvent avec d’autres conditions médicales. Selon Orphanet, la base de données européenne sur les maladies rares, environ la moitié des bébés nés avec les Séquence Robin sont également nés avec une autre maladie. L’autre condition pourrait être le Syndrome de Stickler, ou le Syndrome de Treacher-Collins, ou l’une des nombreuses autres maladies rares. Ce sont des conditions sérieuses à elles toutes seules. Chacune présente ses propres symptômes et problèmes. Ainsi, les bébés souffrant de la Séquence Robin présentent beaucoup de variations en ce qui concerne les symptômes exacts pour chaque maladie.

Étant donné que les maladies associées peuvent engendrer de nombreux risques médicaux supplémentaires, il est essentiel que les médecins qui traitent votre bébé adoptent une approche active. Les problèmes respiratoires de votre bébé occupent probablement une place centrale car ils posent un problème grave et immédiat. Les bébés, comme tous les humains, ont besoin d’air mais vos médecins doivent également rechercher les maladies associées, effectuer des tests génétiques et effectuer des examens neurologiques en même temps qu’ils ont à faire face aux difficultés respiratoires de votre bébé.

En plus des difficultés respiratoires, les bébés souffrant des Séquence Robin peuvent également avoir des problèmes d’alimentation. Une fente palatine, si présente, peut aggraver les difficultés d’alimentation du bébé, puisqu’il est difficile pour le bébé de créer un effet de succion à l’intérieur de sa bouche. En outre, l’effort supplémentaire dont votre bébé a besoin pour respirer peut lui-même être épuisant, ce qui lui laisse moins d’énergie et moins d’enthousiasme à se nourrir.

Des difficultés d’alimentation peuvent interférer avec la prise de poids et une croissance normale (le terme médical est « incapacité de prospérer »). Ces difficultés d’alimentation peuvent être sérieuses et peuvent nécessiter l’utilisation d’une sonde nasogastrique – une sonde qui pénètre dans le nez du bébé et descend jusque dans son estomac pour y donner du lait et lui assurer une nutrition adéquate. Si les difficultés d’alimentation persistent, le bébé peut subir une intervention chirurgicale et recevoir une sonde de gastrostomie, une sonde d’alimentation qui pénètre dans le corps du bébé par le ventre et se dirige directement dans son estomac.

La plupart des enfants ayant une fente palatine souffrent d’une accumulation de liquide derrière le tympan. Normalement, les muscles de la bouche veillent à ce que le liquide s’écoule du milieu de l’oreille vers la gorge. Cependant, chez un bébé avec une fente palatine, les muscles du palais ne sont pas dans leur position naturelle et ont été peu sollicités. Il est donc difficile, voire impossible, pour ces muscles de faire leur travail et de drainer le liquide. Cela peut entraîner une accumulation de liquide derrière le tympan. Si cette accumulation de liquide derrière le tympan provoque des problèmes d’audition, il peut être nécessaire d’insérer chirurgicalement un petit tube dans chaque tympan. Ces minuscules tubes dits des « diabolos » contribuent à la ventilation et à la circulation de l’air entre l’intérieur de l’oreille et le monde extérieur, ce qui réduit l’accumulation de liquide. Les bébés atteints de Séquence Robin peuvent également souffrir d’infections de l’oreille. Les infections d’oreille peuvent entraîner une perte auditive temporaire, ce qui peut entraîner des problèmes de développement de la parole et du langage.

Si votre bébé a une fente palatine, celle-ci devra être fermée chirurgicalement. Cela se fait souvent quand le bébé a environ 1 an, en fonction de divers facteurs, notamment son poids – le bébé a-t-il assez de poids et de force pour supporter une opération – et si votre bébé a toujours des difficultés à respirer à ce moment-là. Les enfants avec une fente palatine ont un risque plus élevé de développer la parole avec du retard. A l’avenir, votre bébé pourrait avoir besoin de l’aide d’orthophonistes.

Traitements pour la Séquence Pierre Robin

Difficultés d’alimentation
Lorsqu’un bébé atteint de la Séquence Robin a des difficultés à s’alimenter, cela peut être un fardeau énorme pour vous, les parents. Vous pouvez essayer chaque biberon disponible sur le marché et passer une heure ou plus à essayer de nourrir votre bébé à tous les repas, quatre ou cinq fois par jour – et il est toujours difficile, voire impossible, de donner le lait que votre bébé a besoin.

En rendant les choses encore plus difficiles, les vomissements peuvent être courants, parfois tous les jours, parfois plusieurs fois par jour. Les bébés atteints de la Séquence Robin font également face à un risque accru de reflux gastro-œsophagien, ou « RGO ». Le RGO est une affection caractérisée par le fait que le contenu de l’estomac de votre bébé – non seulement le lait, mais également les acides naturels de son estomac – monte dans l’œsophage, le tube situé entre l’estomac et la bouche de votre bébé. Cet acide gastrique peut irriter l’œsophage de votre bébé et lui causer beaucoup d’inconfort et de douleur. Pour vous, en tant que parent, tout cela peut être à la fois un défi physique et un épuisement moral. Il est essentiel de garder la patience et la confiance que les choses vont s’améliorer progressivement.

Si votre bébé est incapable de consommer un volume du lait suffisant, vous pourrez peut-être ajouter des suppléments nutritionnels au lait – par exemple, Duocal, une poudre spéciale riche en protéines et en graisses. Une autre possibilité consiste à nourrir votre bébé avec un substitut de lait hautement enrichi et spécialement formulé. Les noms de ces produits seront différents d’un pays à l’autre, Infatrini en est un par exemple. Ce produit médical se présente sous forme liquide et il est particulièrement riche en type de nutrition dont un bébé en pleine croissance a besoin. N’attendez pas que votre bébé perde beaucoup de poids avant d’agir. Si votre bébé a des difficultés d’alimentation, maintenez un contact étroit et permanent avec le personnel infirmier et les médecins. Parlez-leur de vos difficultés et demandez-leur de l’aide.

Si les difficultés d’alimentation empêchent votre bébé de boire suffisamment du lait, il peut recevoir une sonde nasogastrique qui pénètre dans son nez et descend dans son estomac.

Si les difficultés d’alimentation empêchent votre bébé de boire suffisamment du lait, il peut recevoir une sonde nasogastrique qui pénètre dans son nez et descend dans son estomac.

Pour les difficultés d’alimentation à long terme, le bébé peut subir une intervention chirurgicale et recevoir un tube de gastrostomie, qui pénètre dans le corps du bébé par le ventre et se dirige dans son estomac.

Pour l’alimentation orale, des techniques et des biberons spéciaux peuvent être nécessaires et une assistance spécialisée est vivement conseillée car les difficultés d’alimentation d’un bébé avec des Séquence Robin peuvent être très difficiles, même pour les experts.

Playtex

Le biberon Playtex Nurser a un sac plastique changeable. Ce sac en plastique interne peut être doucement pressé avec vos doigts lorsque vous allaitez votre bébé, ce qui fait couler doucement le lait.

 

Le petit sac en plastique tombe dans la bouteille, par le haut. En bas, la bouteille Playtex Nurser est en fait ouverte, ce qui signifie que vous pouvez insérer vos doigts à l’intérieur de la bouteille.

 

En appuyant doucement sur le sac en plastique flexible à l’intérieur du biberon Playtex Nurser, le lait coulera lentement dans la bouche de votre bébé.

 

Medela

Le biberon Medela – un biberon spécialement conçu pour les bébés ayant des difficultés d’alimentation. En appliquant une légère pression juste à côté de l’anneau jaune, le lait coulera lentement.

 

Bouteille Medela – la tétine. Le débit du lait à travers la tétine du biberon Medela peut être ajusté en alignant le nez du bébé avec l’une des trois lignes à la base de la tétine; chaque ligne sur la tétine produit un débit différent. La ligne courte: débit lent. La ligne médiane: débit moyen. La longue file: debit élevé.

 

Dr. Brown’s

Le « système d’alimentation spécialisé » (« Specialty Feeding System »), produit par une société appelée « Dr. Brown’s », ressemble à un biberon ordinaire. En fait, cela fonctionne différemment…

 

Le « système d’alimentation spécialisé » du Dr Brown utilise une « valve d’alimentation adaptée au rythme infantile » (« Infant Paced Feeding Valve »), un petit disque en plastique bleu qui s’insère à l’intérieur de la base de la tétine. Le fabricant, « Dr. Brown’s », décrit cela comme un système basé sur la compression. Principalement, le bébé fait couler le lait de la tétine en appliquant une compression – en mâchant doucement sur la tétine – plutôt que par succion (l’aspiration peut être difficile pour les bébés avec la séquence de Pierre Robin et une fente palatine). Remarque importante: Dr. Brown’s vend de nombreux types de biberons. Si ce « système d’alimentation spécialisé » (« Specialty Feeding System ») vous intéresse, assurez-vous de commander le système d’alimentation spécialisé Dr. Brown’s avec la valve bleue, la « valve d’alimentation adaptée au rythme infantile » (« Infant Paced Feeding Valve ») et l’insert bleu.

 

 

Difficultés respiratoires
Lorsqu’il s’agit de difficultés respiratoires concernant le Séquence Pierre Robin, différents médecins privilégient différentes stratégies de traitement. Toutefois, quel que soit le traitement que votre centre de santé local préfère, la première étape consiste à déterminer la gravité des difficultés respiratoires de votre bébé. Actuellement, le moyen le plus objectif et scientifique de mesurer la gravité des difficultés respiratoires de votre bébé consiste à effectuer un test appelé « polysomnographie », une « PSG ». Une PSG est souvent appelée « étude du sommeil » car ce test est effectué pendant que votre bébé dort. Pour mener une étude PSG / du sommeil, votre bébé sera connecté à divers capteurs juste avant de s’endormir. Ensuite, pendant toute la nuit, pendant que votre bébé dort, les capteurs surveillent et enregistrent les schémas respiratoires, les mouvements de la poitrine, le taux d’oxygène et autres signes vitaux de votre bébé.

Un bébé sur le point de subir une étude PSG / du sommeil. L’étude PSG est un test indolore – et c’est une procédure très importante et fondamentale pour les bébés atteints de la Séquence Robin.

Les données produites par l’étude PSG / du sommeil de votre bébé aideront à déterminer si la respiration de votre bébé est légèrement obstruée, modérément obstruée ou gravement obstruée. Les médecins ne sont pas encore d’accord sur le niveau exact d’obstruction respiratoire considéré comme léger, modéré ou grave, mais dans tous les cas, les informations fournies par l’étude PSG / du sommeil servent de guide pour aider les médecins à déterminer les traitements appropriés. Ce type d’approche est appelé « prise de décision fondée sur des preuves ». Cela signifie que les décisions que vous et votre médecin prenez concernant la santé de votre bébé reposent sur des données scientifiques objectives – les résultats de l’étude PSG / du sommeil – plutôt que sur les sentiments de cette personne ou sur son opinion. La prise de décision fondée sur des données probantes est actuellement très privilégiée en médecine. Ainsi, dans le traitement des Séquence Robin, l’étude PSG / du sommeil joue un rôle fondamental.

Les résultats d’une étude PSG / du sommeil. Les données produites par l’étude PSG aideront à déterminer si la respiration de votre bébé est légèrement obstruée, modérément obstruée ou gravement obstruée. Pour le traitement des bébés atteints de la Séquence Robin, l’étude du sommeil est absolument fondamentale. Ce type d’approche est appelé « prise de décision fondée sur des preuves ».

Un bébé souffrant de Séquence Robin doit subir une étude PSG / du sommeil avant de suivre un traitement pour difficultés respiratoires, et après le traitement, afin de déterminer si le traitement a soulagé ses difficultés respiratoires et, si oui, dans quelle mesure. Etant donné que l’étude PSG / du sommeil est actuellement le moyen le plus objectif et scientifique de mesurer la gravité des difficultés respiratoires de votre bébé, elle n’est pas uniquement utilisée dans le traitement de bébés individuellement. Ce même outil, l’étude PSG / du sommeil, est également utilisé lorsque des médecins effectuent des études médicales pour évaluer scientifiquement l’efficacité d’un traitement particulier de la Séquence Robin. L’étude PSG / du sommeil est un outil standard de la Séquence Robin et constitue un test très important que votre bébé devrait faire. Si votre hôpital local n’est pas en mesure d’effectuer une étude PSG / du sommeil, demandez à votre médecin si le test peut être effectué dans un autre hôpital situé à proximité.

Pour traiter les difficultés respiratoires des bébés souffrant de la Séquence Robin, différents traitements ont été utilisés, en fonction de la gravité des difficultés respiratoires du bébé. Le traitement que vous choisissez pour votre bébé est une décision cruciale à laquelle vous devez réfléchir très soigneusement et en discuter également avec votre centre de santé de proximité. La Séquence Robin est rare et, lorsqu’il s’agit d’une maladie rare ou d’un problème complexe, il peut être difficile de trouver l’aide d’un expert. Si votre centre de santé de proximité n’a pas de connaissances spécialisées de Séquence Robin, il est très important que vous recherchiez des spécialistes qui le connaissent bien et qui possèdent une expérience de ce traitement.

Bien que la position couchée (sur le ventre) ait été utilisée pendant de nombreuses années comme moyen par défaut de tenter de soulager l’obstruction des voies respiratoires supérieures du bébé et ses difficultés respiratoires, d’autres méthodes ont été développées. Dans la pratique actuelle, les médecins de votre hôpital local proposeront probablement le traitement avec lequel ils se sont familiarisés – car ils ont reçu une formation à cette technique particulière. Toutefois, si vous vous adressez à d’autres parents, sur RareConnect ou dans un groupe Facebook axé sur les Séquence Robin, vous découvrirez peut-être que les médecins d’un autre hôpital, situé dans le même pays, proposent un traitement différent, car il s’agit du traitement qu’ils connaissent et qu’ils utilisent dans cet hôpital. C’est une bonne idée d’utiliser Internet et de contacter d’autres familles, ainsi que d’autres experts, pour en savoir plus sur les divers traitements disponibles pour votre bébé. De cette façon, vous pourrez en apprendre davantage sur l’expérience vécue par d’autres parents, comme vous, avec chacun de ces différents traitements.

Certaines méthodes de traitement décrites ci-dessous datent de nombreuses années et sont actuellement examinées par des professionnels de la santé afin de trouver des techniques plus efficaces et moins invasives. Tous les médecins et tous les parents ne sont pas d’accord sur les meilleurs moyens de traiter les Séquence Robin, mais presque tout le monde s’accorde sur un principe général : chaque fois que cela est possible, des traitements non chirurgicaux doivent être essayés en premier lieu, afin d’éviter les interventions chirurgicales sur ces petits bébés. De manière générale, les techniques non chirurgicales nécessitent des mois de traitement, ce qui impose un certain fardeau à vous, les parents. Cependant, ceux qui soutiennent ces traitements non chirurgicaux soulignent que cela a permis à leur bébé d’éviter la chirurgie invasive. En règle générale, les hôpitaux essaient d’abord de traiter un bébé sans recourir à une intervention chirurgicale et réservent la chirurgie aux bébés pour lesquels les options non chirurgicales ne peuvent être utilisées ou ont échoué.

 

Position couchée (placer le bébé sur le ventre)
Un bébé souffrant de la Séquence Robin a tendance à éprouver les plus grandes difficultés à respirer lorsque le bébé est placé sur le dos. En effet, lorsque le bébé est allongé sur le dos, sa langue, qui est déjà relevée et bloque l’entrée de la gorge, peut retomber encore plus loin et obstruer sérieusement les voies respiratoires du bébé. Pour cette raison, les bébés souffrant de Séquence Robin sont souvent placés pour dormir sur le ventre, dans la position « couchée » (ventre) ou sur le côté. La pratique consistant à faire dormir les bébés atteints de Séquence Robin sur le ventre a été proposée par Pierre Robin lui-même, en 1934, il y a plus de 80 ans.

Les bébés atteints de la Séquence Robin sont souvent placés pour dormir dans la position « couchée sur le ventre ». Cette pratique est devenue très controversée; les études médicales indiquent systématiquement que le sommeil en position ventrale augmente sensiblement le risque du mort subite du nourrisson (« MSN », en anglais, « SIDS »).

 

Une affiche en France, avec un avertissement important sur le sommeil dans la position couchée sur le ventre. « Même si tout parait idéal dans cette chambre… Couché sur le ventre, votre bébé court un risque mortel. Ne faites pas cette erreur ! Couchez TOUJOURS votre bébé sur le dos ».

 

Une affiche en Amérique, exhortant les parents de ne laisser les bébés dormir que sur le dos.

Sur la base de ce que nous avons appris au cours des 80 dernières années sur les risques sérieux de coucher les bébés pour qu’ils dorment sur le ventre, cette pratique de la position couchée pour les bébés souffrant de Séquence Robin est devenue très controversée. Cela offre une amélioration possible, mais ce n’est pas idéal. Le positionnement sur le ventre (position couchée) ne doit être effectué que lorsque votre bébé est connecté à une machine qui surveille son pouls et son niveau d’oxygène.

AUTRES OPTIONS SANS INTERVENTION CHIRURGICALE :

Canules nasopharyngées (également appelées « tubes NPA »)
Afin de maintenir un canal ouvert entre le nez et la gorge de votre bébé (le terme médical est « nasopharynx »), les médecins peuvent insérer un tube par les narines de votre bébé. Ce tube souple s’appelle une canule nasopharyngée; il se termine juste au-dessus de l’épiglotte du bébé. L’épiglotte est le terme médical utilisé pour désigner le petit volet situé à l’intérieur de la gorge, qui agit comme un couvercle sur le dessus de la trachée du bébé. Les canules nasopharyngées, également appelées « tubes NPA », aident à soulager l’obstruction des voies respiratoires supérieures du bébé, en empêchant sa langue de retomber et en bouchant le haut de sa gorge.

Le tube NPA est un traitement largement utilisé pour les bébés atteints de la Séquence Robin au Royaume-Uni. La plupart des parents disent que leur bébé l’a bien toléré et qu’ils étaient heureux que cela leur permette d’éviter une intervention chirurgicale. Si le tube en NPA est rempli de mucus ou de lait, un aspirateur portable peut être utilisé pour dégager le tube. Les parents apprennent également à changer eux-mêmes le tube en NPA et à insérer un nouveau tube – un processus qui peut être difficile et effrayant pour les parents au début, mais qui devient beaucoup plus facile avec l’expérience et la pratique. En fonction des difficultés respiratoires du bébé, celui-ci peut utiliser le tube NPA pendant une période allant de 3 mois à 9 mois.

La Canule nasopharyngée (« NPA ») est un tube souple, inséré dans les narines de votre bébé, qui se termine juste au-dessus de l’épiglotte du bébé. L’épiglotte est le terme médical utilisé pour désigner le petit volet situé à l’intérieur de la gorge, qui agit comme un couvercle sur le dessus de la trachée du bébé. La Canule nasopharyngée aident à soulager l’obstruction des voies respiratoires supérieures du bébé, en empêchant sa langue de retomber et en bouchant le haut de sa gorge.

 

Appareils respiratoires (y compris « CPAP »)
Un bébé atteint de la Séquence Robin souffrant de difficultés respiratoires modérées à graves peut être attaché par des tubes à un appareil respiratoire afin de recevoir une assistance respiratoire manuelle. Le terme générique d’assistance à la ventilation utilisant des appareils respiratoires est « assistance respiratoire non invasive ». On dit « non invasif » car aucune intervention chirurgicale n’est nécessaire pour fournir cette assistance respiratoire. Une forme d’assistance respiratoire non invasive, la pression positive continue (« CPAP »), consiste à appliquer un flux d’air, à une pression et à un taux spécifique, dans les voies respiratoires du bébé. L’air est littéralement poussé de la machine vers un ensemble de tubes, à travers un masque fixé sur le visage du bébé et dans ses poumons.

Un bébé atteint de la Séquence Robin reçoit une assistance ventilatoire avec la pression positive continue (« CPAP »).

En règle générale, le CPAP nécessite une hospitalisation à long terme. Une hospitalisation de longue durée empêche le nouveau-né de rentrer chez ses parents, entraîne des coûts financiers élevés et expose le bébé au risque de maladies transmises à l’hôpital. L’aide à la ventilation nécessite également que le bébé soit attaché chaque jour pendant de longues périodes à un appareil respiratoire externe, ce qui réduit considérablement la mobilité du bébé et des parents.

Dans l’unité de soins intensifs, un bébé atteint de la Séquence Robin reçoit une assistance ventilatoire.

Dans des pays tels que l’Australie, où de grandes distances peuvent séparer les patients de leurs hôpitaux, les bébés sont souvent hospitalisés à la maison. Avec l’hospitalisation à domicile, les machines de ventilation de l’hôpital sont transportées et installées à l’intérieur du domicile des parents. Le CPAP est ensuite administré au bébé par les parents, qui sont formés à l’utilisation de l’appareil et du matériel de respiration. Au début, le bébé doit être connecté à l’appareil respiratoire 24h / 24. Lorsque la respiration de votre bébé s’améliore, cela peut être réduit, de sorte que votre bébé n’a besoin d’être connecté à l’appareil respiratoire que lorsqu’il dort.

Les appareils respiratoires de CPAP ont pour objectif d’éviter les interventions chirurgicales invasives, notamment les trachéotomies, qui seront décrites plus loin. Presque tous les médecins sont d’accord pour dire que les traitements non chirurgicaux doivent être essayés en premier lieu afin d’éviter les interventions chirurgicales sur ces petits bébés.

 

Tübingen Palatal Plate (le « TPP ») – Orthèses Palatines de Tübingen
Une « orthèse palatine » est un petit appareil fabriqué en plastique ou en un autre matériau durable qui se porte à l’intérieur de la bouche, du palais ou du toit de la bouche. Les experts de la Séquence Robin de Tübingen, en Allemagne, ont mis au point une version spéciale pour les bébés atteints de la Séquence Robin : le « Tübingen Palatal Plate » (le « TPP »). Le TPP est un petit appareil buccal porté à l’intérieur de la bouche du bébé. Le TPP n’est pas fixé chirurgicalement – il adhère au palais du bébé avec un adhésif pour prothèse dentaire et deux bandes adhésives. Comme les prothèses dentaires, les parents peuvent insérer ou retirer le TPP à tout moment, sans faire appel à un médecin ou à une infirmière.

La différence entre le dispositif TPP et les autres plaques palatines réside dans le fait que le TPP a une petite extension à l’arrière, une extension dont la forme, l’angle et la longueur sont conçus et fabriqués avec précision pour chaque bébé par une équipe allemande multidisciplinaire. Le but de cette extension est de pousser la langue du bébé vers le bas dans une position normale. En poussant activement la langue de votre bébé dans sa position normale et naturelle, le TPP débloque la gorge, élimine les difficultés respiratoires de votre bébé et lui permet de dormir en toute sécurité et en silence, même sur le dos – sans tube, machine ou appareil, autre équipement.

Une photo montrant un exemple du dispositif TPP (« Tübingen Palatal Plate »).

 

Une illustration montrant comment fonctionne le TPP (« Tübingen Palatal Plate »). Le gros objet rose/rouge est la langue du bébé. Dans l’image en coupe transversale à gauche, le patient de Séquence de Pierre Robin n’a pas de dispositif TPP; La position arrière anormale de la langue bloque la voie aérienne supérieure, créant des problèmes de respiration et d’alimentation potentiellement mortels. Dans l’illustration à droite, le dispositif TPP est en place; Il est représenté par une ligne bleu foncé. La ligne bleu foncé commence dans les crêtes alvéolaires supérieures (où les dents avant supérieures finiront par croître), se poursuit le long du palais supérieur, recouvre la fente dans le palais, puis s’étend vers le bas. Dans l’image à droite, vers le côté droit, on peut voir cette extension de ligne bleu foncé qui plonge vers le bas poussant la base de la langue vers l’avant de la bouche. En déplaçant la langue vers l’avant, le dispositif TPP libère instantanément la gorge – sans aucune intervention invasive.

Les parents retirent le TPP une fois par jour pour le nettoyer, à l’aide d’une brosse à dents, comme on le ferait avec un dentier. Après les 2 premiers mois de port du TPP, le bébé doit retourner à l’hôpital pour un examen de sa respiration – une « polysomnographie », également appelée étude du sommeil. L’étude du sommeil est effectuée afin de confirmer que la respiration du bébé est toujours libre et non obstruée.

Si nécessaire, le TPP sera légèrement modifié pour tenir compte de la croissance naturelle de la bouche du bébé. Au total, le TPP est porté pendant une période de 3 à 5 mois. Une fois cette période écoulée, la mâchoire inférieure a grossi vers l’avant, de sorte que la langue dispose d’un espace suffisant pour s’allonger horizontalement et à plat et ne plus causer de problèmes respiratoires. Le bébé n’a plus besoin de porter le TPP dans sa bouche car la thérapie est terminée.

OPTIONS AVEC INTERVENTION CHIRURGICALE :

Adhésion de la langue-lèvre (également appelée « labioglossopexie »)
Un autre traitement de la Séquence Robin, proposé pour la première fois il y a plus de 100 ans, consiste à supprimer l’obstruction des voies respiratoires supérieures du bébé en cousant littéralement la langue du bébé sur la partie inférieure. L’objectif est de forcer la langue à rester en position horizontale, en dessous et à l’écart des voies respiratoires et de la gorge du bébé.

Adhésion de la langue-lèvre (également appelée « labioglossopexie »).

 

Adhésion de la langue-lèvre (« labioglossopexie ») consiste à coudre la langue du bébé sur la partie inférieure de la lèvre. L’objectif est de forcer la langue à rester en position horizontale, en dessous et à l’écart des voies respiratoires et de la gorge du bébé.

L’adhésion langue-lèvre, également appelée labioglossopexie, a des résultats mitigés dans le soulagement des problèmes respiratoires. Dans certains hôpitaux, le taux de réussite a été d’environ 70%, alors que dans d’autres hôpitaux, il a été inférieur. Les bébés peuvent avoir des complications suite à cette opération. On entend par « déhiscence » les points de suture sortant accidentellement de la langue du bébé, plusieurs semaines ou plusieurs mois après l’opération initiale. Le chirurgien doit alors recoudre la langue du bébé.

Tous les bébés qui subissent une adhésion langue-lèvre doivent éventuellement subir une dernière intervention chirurgicale afin de retirer les points de suture et de libérer la langue de la lèvre. L’adhérence langue-lèvre est moins invasive que les autres techniques chirurgicales, mais lorsque l’adhérence langue-lèvre échoue, la prochaine étape consiste généralement pour le chirurgien à effectuer un traitement chirurgical plus invasif : l’ostéogenèse par distraction mandibulaire.

 

La distraction ostéogénique mandibulaire
Une autre option chirurgicale pour soulager l’obstruction des voies respiratoires supérieures du bébé de la Séquence Robin consiste à allonger physiquement sa mâchoire inférieure sous-dimensionnée à l’aide d’une procédure appelée « La distraction ostéogénique mandibulaire ». Pendant que le bébé est sous anesthésie générale, le chirurgien coupe la mandibule, le petit os de la mâchoire inférieure du bébé. Le chirurgien installe ensuite un dispositif appelé distracteur qui utilise des vis spéciales appelées « broches ».

Dans la semaine ou les deux semaines suivant l’opération initiale, les vis du distracteur sont tournées d’environ 1 à 2 millimètres par jour. Cela crée des tensions et sépare les os de la mandibule du bébé. Le nouvel os se développe ensuite (« ostéogenèse ») et comble les espaces créés par le distracteur. Pendant que le nouvel os se développe, le bébé continue de porter le dispositif de distraction à tout moment.

La distraction ostéogénique mandibulaire. Le chirurgien installe un dispositif appelé distracteur (« distractor ») qui utilise des vis spéciales appelées broches (« pins »).

 

Suivant l’opération initiale, les vis du distracteur sont tournées d’environ 1 à 2 millimètres par jour. Cela crée des tensions et sépare les petits os de la mâchoire inférieure (« la mandibule ») du bébé.

 

Le nouvel os se développe ensuite (« ostéogenèse ») et comble les espaces créés par le distracteur. Pendant que le nouvel os se développe, le bébé continue de porter le dispositif de distraction à tout moment.

Les chirurgiens pratiquant la distraction ostéogénique mandibulaire disent que cette technique soulage l’obstruction des voies respiratoires supérieures en augmentant physiquement la longueur de la mâchoire inférieure, donnant à la langue plus d’espace pour s’allonger dans une position horizontale à plat. La distraction ostéogénique mandibulaire est une intervention chirurgicale invasive qui peut entraîner des complications : infections par les broches dans les os, cicatrices au visage du bébé, lésions dentaires, nerfs faciaux et défaillance du dispositif.

 

Trachéotomie
Une trachéotomie est une intervention chirurgicale consistant à créer une incision chirurgicale dans la gorge du bébé afin de placer un tube directement dans la trachée-artère du bébé. Le tube est inséré dans l’incision, juste en dessous des cordes vocales du bébé. Le tube permet à l’air d’entrer dans les poumons du bébé et de contourner les voies respiratoires supérieures du bébé, qui restent obstruées. Selon un chirurgien, « la trachéotomie a été associée à plusieurs morbidités, notamment un risque accru de trachéomalacie, une pneumonie chronique, une sténose du larynx, des déficiences intellectuelles et physiques, des interactions sociales compromises, ainsi que des soins complexes et une éducation parentale. »

L’avantage à long terme de la trachéotomie est discutable, car la trachéotomie est associée à une augmentation du coût des soins médicaux en raison des fréquentes visites à la salle d’urgence pour le traitement de la pneumonie. La tendance actuelle est de réserver la trachéotomie à des situations critiques où d’autres traitements ne pourraient pas être utilisés ou n’auraient pas fonctionné.

Un bébé avec une trachéotomie.

 

Une équipe multidisciplinaire d’experts
La Séquence Robin est une maladie complexe qui peut avoir des effets sur différentes parties du corps de votre bébé. Souvent, la respiration du bébé est affectée et ces difficultés respiratoires peuvent être dangereuses. Les bébés atteints de Séquence Robin ont également tendance à avoir des problèmes de succion, de déglutition et d’alimentation. Mais en plus de cela, votre bébé pourrait potentiellement souffrir de problèmes du système nerveux central, d’anomalies neurologiques ou d’autres conditions médicales. Pour vous, parent d’un nouveau-né, cela peut sembler terrifiant – mais le but n’est pas de vous effrayer. Il s’agit de souligner combien il est important de trouver une véritable équipe multidisciplinaire de médecins hautement spécialisés ayant l’expérience de la gestion de cette maladie, la Séquence Robin – et de veiller à ce que l’équipe multidisciplinaire agisse maintenant, au plus tard, afin de garantir la santé et de promouvoir le bon développement de votre nouveau-né.

Une intervention précoce par une équipe multidisciplinaire d’experts, en collaboration étroite et permanente avec vous et votre famille, est absolument essentielle. Un bébé avec un cas simple de fente palatine et atteint de Séquence Robin, une maladie rare et complexe, ont des besoins médicaux très différents. Le traitement approprié pour les Séquence Robin nécessite plus qu’un pédiatre généraliste et un chirurgien. L’équipe qui traite votre bébé doit également comprendre le rôle des spécialistes ci-dessous :

  • néonatologue: médecins spécialisés dans le traitement des nouveau-nés présentant des problèmes ou des maladies;
  • généticien: pour déterminer si votre bébé peut être atteint d’un trouble génétique associé;
  • spécialiste du sommeil pédiatrique: qui utilisera un équipement spécial pour étudier la respiration et l’oxygène de votre bébé pendant une nuit complète de sommeil;
  • ophtalmologiste: qui étudiera les yeux de votre bébé et vérifiera les signes du Syndrome de Stickler;
  • orthophoniste: pour le langage ou les problèmes d’alimentation;
  • pédiatre du développement: qui surveillera le développement physique et intellectuel de votre bébé;
  • ORL / Oto-rhino-laryngologiste: un spécialiste des oreilles, du nez et de la gorge, qui surveillera les problèmes liés aux oreilles et à l’ouïe de votre bébé;
  • orthodontiste: qui peut avoir besoin de faire des travaux dentaires ou de créer une orthèse palatine…

c’est le type d’équipe dont un bébé atteint de la Séquence Robin a besoin pour faire face le mieux dans la vie.

En tant que membre de l’équipe multidisciplinaire d’experts de votre bébé, des infirmiers expérimentés seront absolument essentiels. Ils font partie de vos alliés les plus importants. Que votre bébé soit aux soins intensifs ou à la maison, les infirmiers qui s’occupent de votre bébé sont comme des soldats au front. Ce sont les infirmiers qui luttent pour vous aider à gérer les difficultés d’alimentation de votre bébé dans la Séquence Robin, qui surveillent de près le poids et la croissance de votre bébé, qui vous forment, la mère et le père, à prendre soin de votre bébé tous les jours. Une ressource, qui vous donnera des conseils précieux basés sur des années d’expérience en matière de soins pour un nombre incalculable d’enfants… et qui vous mettront en contact avec les divers spécialistes de l’équipe multidisciplinaire.

L’un des problèmes les plus difficiles à surmonter avec la Séquence Robin, c’est que c’est une maladie rare et donc difficile de trouver des experts sur cette condition. Traiter un bébé avec la Séquence Robin nécessite une concentration d’expertise particulière, et votre centre de santé local peut ne pas disposer de la concentration d’expertise particulière dont votre bébé a besoin.

Si l’expérience de votre centre de santé de proximité est limitée, il serait alors judicieux que vous-même ou votre médecin traitant contactiez l’un des centres d’expertise de votre pays pour cette maladie rare. Dans l’Union européenne, vous pouvez visiter le site Web d’Orphanet, sur Orpha.net, rechercher Séquence Pierre Robin et faire défiler les résultats pour trouver un centre d’expertise situé près de chez vous.

Conclusion
Les préférences, la familiarité et la disponibilité des méthodes de traitement peuvent varier considérablement d’un pays à l’autre et d’une région à l’autre. Comme mentionné précédemment, vous pouvez utiliser RareConnect, ainsi que les groupes de soutien de Séquence Robin de Facebook, pour contacter d’autres familles. Vous pouvez leur demander, honnêtement et directement, ce qu’ils pensent des différents traitements, en fonction des expériences vécues. Beaucoup de parents ont vécu exactement la même chose que vous. Vous serez surpris et encouragé de découvrir à quel point ils sont désireux de partager des informations avec vous et de vous soutenir pendant cette période pénible, douloureuse et souvent accablante. Ne perdez pas espoir. N’hésitez pas à tendre la main et se connecter avec d’autres parents. Cela vous soulagera vraiment lorsque vous constaterez que vous n’êtes pas les seuls.

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Ce document a été produit dans le cadre d’un effort commun de collaboration impliquant un certain nombre de médecins, infirmiers, chirurgiens et des orthodontistes, dont Corstiaan Breugem, Peter A. Mossey, Sirpa Railavo, Pia Vuola, Ulla Elfving-Little, Elina Swan et Janne Suominen, ainsi que des parents, des groupes de patients atteints de Séquence Robin et des groupes Facebook, dans l’Union européenne et ailleurs dans le monde. Si vous souhaitez formuler des commentaires sur ce document ou sur votre propre expérience de Séquence Robin, veuillez envoyer un message à Stichting Pierre Robin Europe (la Fondation Pierre Robin Europe) sur notre page de Contact.

Rare Diseases Denmark – lettre de soutien

Rare Diseases Denmark, un groupe de défense des maladies rares de premier plan en Scandinavie, très respectée dans le mouvement international des maladies rares. Dans leur lettre de soutien, ils soulignent que le cas de Lysiane « est un exemple dévastateur de la lutte à laquelle de nombreux patients et familles de maladies rares ont été confrontés et continuent de se heurter, ici même en Europe ».

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Pro Rare Austria – lettre de soutien

Pro Rare Austria a été au centre de la Conférence européenne sur les maladies rares qui s’est tenue récemment à Vienne. Comme l’a expliqué le président de Pro Rare Austria, le Dr Rainer Riedl, « Avec les maladies rares, le partage des connaissances, l’échange d’expertise, ainsi que la mise en réseau et la coopération, sont particulièrement importants. » Dans leur lettre à l’Assurance Maladie, en France, ils demandent au directeur, Nicolas Revel, de réviser le rejet sans fondement du droit de Lysiane à un traitement médical sûr et médicalement prouvé en Allemagne.

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